En réponse à ce développement, de plus en plus de banques ou autres organismes financiers proposent des financements spécifiques au secteur des énergies renouvelables, que ce soit pour l'aide à la création d'entreprise ou à la mise en place d'installations de production d'énergie.
La Caisse des Dépôts, par exemple, accompagne les collectivités locales dans leurs politiques de développement notamment pour la production d'énergie renouvelable. Elle intervient plus précisément par des prises de participation en fonds propres aux côtés des opérateurs privés et/ou des collectivités dans les sociétés portant les projets. Elle a ainsi participé à la création d'un parc éolien de 3MW dans le Finistère en 2002 et à la mise en place d'une filière bois-énergie en Aquitaine. En juin 2006, la Caisse des Dépôts annonçait déjà 20M€ d'investis dans de tels projets sur les 50M€ prévus pour l'année.
L'établissement financier public OSEO-BDPME investit quant à lui dans l'innovation et la création d'entreprise. L'organisme finance l'ensemble des énergies renouvelables, dès lors que le process est mature et que la source d'approvisionnement est maîtrisée. La majorité des projets concerne la production d'électricité, en particulier à partir de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire photovoltaïque. Une tendance se confirme toutefois : l'émergence d'innovations relatives à l'intégration au bâtiment de dispositifs de production de chaleur ou d'eau chaude sanitaire. À titre d'exemple, pour les seules énergies renouvelables, 24 initiatives ont été soutenues en 2005 par OSEO-BDPME pour un montant cumulé de 3,6 M€ correspondant à un effort de recherche et développement de 14,8 M€.
Certains établissements s'orientent plus particulièrement vers un type d'énergie renouvelable. C'est le cas par exemple du Crédit Agricole qui, à travers sa filiale Unifergie, finance des projets dans la filière biomasse. Pour Christine Delamarre, Directrice d'Unifergie, les entreprises de ce secteur n'ont pas beaucoup de fond propre mais peuvent être rentables, c'est pourquoi le CA a choisi de se concentrer pour l'instant sur la biomasse en accompagnant du démarrage de la filière à la production d'énergie. Mais Unifergie se consacre également à l'éolien. Les parcs éoliens mis en service ou en cours de construction ayant bénéficié d'un financement d'Unifergie représentent une puissance de l'ordre de 200MW.
Par ailleurs, l'éolien est un secteur très prisé par le Fideme. Créé en 2003 par l'ADEME et IXIS CIB, ce fonds d'investissement de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie a déjà soutenu une quarantaine de projets dont 80% dans l'éolien. Basé sur un partenariat public-privé, cet instrument financier propose une alternative aux aides publiques pour les initiatives locales. Fort de son succès, il passera de 45M€ à 75M€ prochainement.
Enfin, d'autres organismes se concentrent exclusivement au financement de création d'entreprises dans le secteur des énergies renouvelables mais pas directement à l'installation d'unités de production. C'est le cas par exemple d'Emertec Energie Environnement (3E). Ce fonds de capital d'amorçage est dédié à l'investissement dans des entreprises aux tout premiers stades de leur existence, innovantes, à fort contenu technologique et à fort potentiel, positionnées dans les secteurs de l'énergie et de l'environnement. Créé en 2003 et doté de 15M€, ce fond a déjà investi dans une douzaine de start-up entre 200.000€ et 1,2M€ par entreprise. Selon Eric Mary, Directeur des investissements chez Emertec Gestion, les énergies renouvelables est un secteur très intéressant puisque le contexte réglementaire se clarifie, le coût des matières premières augmente et que la demande du marché est très forte. Mais Eric Marty rappelle que les objectifs financiers sont clairs : plus-value sur 10 à 15 ans avec 30% de plus-value par an. Il faut donc être très ambitieux, explique-t-il. Ainsi sur la douzaine d'entreprise financée par Emertec Energie Environnement un tiers d'entre elles disparaîtra, un tiers se maintiendra et un tiers permettra de dégager des plus-values conséquentes.
Les énergies renouvelables intéressent également les investisseurs privés comme les Business Angels. Un business Angel est une personne physique qui investit son propre argent dans une entreprise à fort potentiel et qui met à disposition de cette entreprise ses compétences, son expérience, son réseau relationnel et une partie de son temps. Un Business Angel investit en moyenne 100.000€ et ne se dégage du capital qu'au bout de 4 ou 5 ans. Alors qu'il y a trois ans, le réseau français des Business Angels ne comptait que trois projets dans les secteurs des énergies renouvelables, il en regroupe désormais plus de 35 sur un total de 180.
Ce développement des aides au financement des énergies renouvelables se ressent également au niveau international. En mai dernier, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a annoncé un allongement des délais de remboursement des crédits à l'exportation garantis pour des projets liés aux énergies renouvelables. Destinée à soutenir les exportations d'un pays, l'assurance-crédit protège des risques de non-paiement les entreprises qui prospectent les marchés à l'exportation et commercialisent des produits et services dont l'origine est majoritairement nationale, à l'image des entreprises hollandaises ou allemandes qui ont déjà acquis une certaine notoriété dans l'éolien. Désormais, les emprunteurs promouvant des projets dans les énergies renouvelables disposeront d'un délai de quinze ans pour rembourser leurs dettes au lieu de dix ans.
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