La revue scientifique « Nature » a publié, dans son numéro 429 du 3 juin dernier, une synthèse de quatre années de recherche appliquée au suivi Argos de la Tortue luth (Dermochelys coriacea), menée par le laboratoire Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)- CEPE de Strasbourg.
Ces travaux mettent en évidence les capacités migratrices de ces reptiles. En effet, en posant des capteurs miniaturisés sur les tortues marines a permis aux chercheurs d'explorer leurs nouveaux territoires de migration. Mais ce suivi aura surtout démontré les problèmes récurrents de pêche non sélective. Parce que ces tortues marines se retrouvent dans des secteurs fréquentés par leur principale proie, la méduse, leurs couloirs de migration croisent en effet les zones de pêche à la palangre : elles sont alors régulièrement victimes de prises accidentelles. C'est notamment le cas en Guyane française et au Surinam, où les flottes de pêche à la recherche de crevettes et de vivaneaux les piègent fréquemment dans leurs filets lors de la période de ponte.
De son côté, le World Wildlife Fund (WWF) a récemment publié une étude montrant que le tourisme lié aux « tortues marines » rapporte jusqu'à trois fois plus que la commercialisation de produits dérivés de ces animaux (œufs, viande, cuir, carapace) au niveau international : 1,32 millions d'euros en moyenne annuelle pour ces activités touristiques, contre 465 000 euros pour l'exploitation commerciale des tortues marines.
Au niveau mondial, on estime qu'environ 175 000 personnes participent chaque année à des excursions dont le but est de voir des tortues marines. Elles ont lieu sur plus de 90 sites de ponte répartis dans 40 pays et notamment dans l'ensemble des territoires, département et collectivités de l'Outre Mer français. Ces résultats démontrent que les tortues marines voient leur valeur économique augmenter si on favorise leur survie mais leurs populations sont en déclin dans tous les océans car les sites de ponte sont transformés en plages aménagées et subissent la pèche non séléctive. Pour enrayer cette situation, le WWF et d'autres partenaires développent des programmes de suivi et de protection dans de nombreuses régions du globe.
La tortue Luth est lla plus grande des tortues marines. Leur poids varie en général entre 300 et 400 kg et peuvent mesurer jusqu'à 2,40 m de longueur. Grande migratrice, elle parcourt des milliers de km et son régime alimentaire est principalement constitué de méduses et de tuniciers.
On sait qu'elle niche sur les côtes nord d'Amérique du sud et l'on a découvert que le littoral sud du Gabon et nord du Congo est probablement le second site de ponte d'importance mondiale.
En moyenne, sur 1000 oeufs pondus, un seul arrivera à l'âge adulte. On trouve cette espèce de tortue sur les plages équatoriales, mais on estime qu'entre 30 et 50 % des tortues Luth du monde viennent pondre en Guyane française. Il n'en resterait plus que 900 en Indonésie, 45 au Mexique, 55 au Costa Rica.