Le Tribunal administratif de Bordeaux avait jugé le 29 mars dernier que la retenue d'eau de Caussade (Lot-et-Garonne) avait été construite illégalement. La préfète de département a signé le 2 mai un arrêté ordonnant à la chambre d'agriculture de cesser les travaux sous astreinte de 500 euros par jour de retard et de renoncer à la mise en eau de l'ouvrage.
Mais surtout, la représentante de l'Etat ordonne la suppression de l'ouvrage dans un délai de trois mois, là aussi sous astreinte de 500 euros par jour de retard, ainsi que la remise en état du site. La préfecture laisse 18 mois à la chambre d'agriculture, tenue de consigner une somme de 1.082.200 euros, pour réaliser ces travaux de remise en état. "Aucun agriculteur, qui a construit bénévolement ce lac pour le territoire, ne laissera qui que ce soit déconstruire ce qui a été fait", a réagi Patrick Franken, président de la Coordination rurale 47, rapporte franceinfo. "Celui qui viendra sur le terrain se fera recevoir", a ajouté Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d'agriculture.
La préfecture a rappelé dans un communiqué que l'arrêté peut faire l'objet d'un recours contentieux dans un délai de deux mois mais qu'un tel recours n'aura pas d'effet suspensif sur les mesures d'astreinte. "C'est pourquoi, toutes mesures coercitives susceptibles d'être prises en retour à cet arrêté seraient injustifiées au regard des enjeux soulevés", avaient ajouté les services de l'Etat.
"La protection de la nature passe enfin au premier plan", se réjouissent France Nature Environnement (FNE) et la Sepanso Aquitaine qui avaient réclamé cette remise en état à la préfète. Les associations annoncent toutefois le dépôt d'une "action en responsabilité contre la chambre d'agriculture devant le tribunal administratif". Pour les ONG, ce projet est "l'illustration d'une fuite en avant face aux effets du changement climatique", considérant qu'il s'agit d'une "fausse solution pour des agriculteurs confrontés au manque d'eau".
Le lac d'une capacité de 920.000 mètres cubes sur 20 hectares, dont le projet était porté par la chambre d'agriculture dominée par la Coordination rurale, avait pour objectif de constituer une réserve d'eau destinée à irriguer une vingtaine d'exploitations agricoles. Le projet avait reçu le feu vert de la préfete en juin 2018 avant que celle-ci ne retire son autorisation à la demande des ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique. Les promoteurs du projet n'avaient pas respecté cette décision de retrait et ont mené à bien les travaux durant l'hiver. Le ministre de la Transition écologique avait annoncé en février une mission d'inspection chargée de proposer une solution alternative.