Pour convaincre, elles se réunissent pendant deux jours, afin de partager leur expérience en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) et d'efficacité énergétique. En effet, elles ont toutes en commun le fait de participer au programme « Climate Savers » dans lequel elles se sont engagées à réduire chaque année leurs émissions pour atteindre en 2010 une économie de 10 millions de tonnes de GES. Le but de cette conférence est donc de démontrer à toutes les grandes entreprises de la planète que des solutions existent et qu'elles ne nuisent pas à la rentabilité économique.
Le leader des matériaux de construction Lafarge explique ainsi, à travers son responsable du développement durable et des affaires publiques, Olivier Luneau, qu'il est sur le point d'atteindre les objectifs de réduction qu'il s'était fixés en 2001 à savoir réduire de 10% d'ici 2010 ses émissions de GES dans les pays industrialisés par rapport à celles de 1990 ; et réduire de 20% sur la même période ses émissions par tonne de ciment produite dans le monde. En effet, en 2005 le groupe annonce une réduction de ces émissions totales de 8,3% et une réduction de 12,7% des émissions par tonne de ciment produite. Pour arriver à ces résultats, le groupe explique avoir amélioré ses installations de combustion, avoir opté pour des carburants non fossiles et avoir innové sur le produit en lui-même.
Du côté du fabricant de vêtement de sport Nike, même discours. D'ailleurs, l'entreprise va se voir attribuer une distinction à l'occasion de la conférence pour avoir atteint ses objectifs, soit une réduction de 13% des émissions de CO2 liées aux voyages d'affaires et aux sites détenus par Nike entre 1998 et 2005. Désormais, la société s'attaque à ses fournisseurs pour réduire l'empreinte de ses activités en termes de production et logistique.
À travers ces chiffres, les entreprises du Climate Savers tentent de convaincre que les solutions existent et sont économiquement rentables. Dans un accord conclu en juillet 2006, la société Sony a d'ailleurs rejoint le programme du WWF en s'engageant non seulement à réduire ses émissions de CO2 de 7% d'ici 2010, par rapport à ses émissions de 2000 qui étaient de l'ordre de 2 millions de tonnes mais également à travailler sur la consommation d'énergie de ses produits. Pour 2005, les émissions de CO2 liées à l'utilisation des produits Sony ont été estimées à 15 millions de tonnes. De ce fait, Sony réfléchit par exemple à l'utilisation de plastique végétal. Pour Serge Foucher, vice-président de Sony Europe, l'approche doit être globale et porter sur tout le cycle de vie du produit mais le consommateur a également un rôle à jouer c'est pour cela que nous préparons des campagnes d'information en ce sens.
A l'occasion de leur conférence, les entreprises internationales membres du programme demandent aux leaders du monde des affaires et aux politiciens de la planète de se joindre à elles. Nous pensons que toutes les actions nécessaires doivent être prises pour limiter l'augmentation de la température mondiale à un maximum de 2°C, explique Serge Foucher de chez Sony. D'ici 2010, les 12 entreprises devraient avoir réduit leurs émissions totales de GES d'au moins 10 millions de tonnes par an. Ainsi selon elles, si 1300 grandes entreprises supplémentaires nous rejoignaient, les objectifs de Kyoto du monde industrialisé seraient atteints ! Pour Hans Verolme, Directeur du programme chez WWF International, 1.300 c'est possible si les 10 plus grandes sociétés de chaque pays s'y mettent.
Au regard de la prise de conscience qui semble émerger dans de nombreuses sociétés internationales comme en témoignent les préoccupations climatiques évoquées au forum de Davos, tous les acteurs du programme « Climate Savers » restent confiants.
*Lafarge, Nike, Sony, Catalyst, The Collins Companies, Novo Nordisk, Xanterra, Sagawa, IBM, Polaroid, Tetra Pak, Johnson & Johnson