L'Union des industries chimiques (UIC) a annoncé le 28 novembre le lancement d'une étude d'impact sur l'approvisionnement de gaz en France "essentiel à la compétitivité" de la filière. L'UIC a commandé cette étude au cabinet Carbone 4, fondé par Jean-Marc Jancovici, le jour même où le ministre de l'Ecologie et de l'Energie Philippe Martin refusait le transfert d'autorisation de sept permis de recherche d'hydrocarbures de schiste à la compagnie pétrolière Hess Oil, en Seine-et-Marne et dans l'Aisne.
En octobre dernier, lors d'un congrès de la chimie européenne, organisé à Munich (Allemagne), Philippe Goebel, président de l'UIC appelait à "explorer le potentiel des ressources non conventionnelles sur le territoire national, gaz de schiste ou autres", tout en prônant la recherche de technologies pour l'exploration respectueuses de l'environnement, rapporte l'AFP.
"Statisme de la France"
La filière française souligne les enjeux de compétitivité associés au prix du gaz (gaz naturel, naphta, butane, propane…), cet hydrocarbure étant à la fois une source d'énergie et une matière première pour le secteur. Elle rappelle le "développement rapide" des gaz de schiste aux Etats-Unis permettant à la chimie américaine concurrente "de voir le prix de leur gaz divisé par 6 entre 2008 et 2012". Soit une énergie trois fois moins chère que l'Europe via cet "avantage compétitif majeur".
"L'absence de stratégie sur la compétitivité et la sécurité d'approvisionnement de la France en hydrocarbures porte aujourd'hui un préjudice majeur à l'industrie", déplorent les chimistes. Par cette étude, l'UIC souhaite évaluer "de façon constructive et objective les conséquences industrielles du statisme de la France" dans le cadre de la loi de programmation sur la transition énergétique.
En février dernier, devant le Comité Stratégique de la filière chimie-matériaux, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait défendu l'exploration du gaz de houille qui permettrait, selon lui, "d'assurer à la France entre cinq et dix ans de consommation à la filière chimie" et de la sécuriser. Le ministre avait également soutenu la recherche sur d'autres modes d'extraction du gaz de schiste plus respectueux de l'environnement.