Contrairement au gaz naturel, composé surtout de méthane (CH4), l'hydrogène (H2) est une molécule susceptible de s'insérer dans le métal et d'en modifier la structure. L'injecter dans les infrastructures gazières, en l'état, poserait donc un sérieux problème de sécurité. Faut-il alors fabriquer de nouvelles canalisations spécialement pour l'hydrogène ou adapter les infrastructures existantes ?
Pour Anthony Mazzenga, directeur hydrogène et gaz renouvelables de GRTgaz, les deux possibilités sont compatibles dans une logique progressive. « Un réseau adapté à l'hydrogène coûte deux à trois fois moins cher qu'un réseau neuf. Il permet de faire foisonner l'offre et la demande et d'être raccordé à des stockages souterrains dont les capacités sont beaucoup plus importantes que sur site », explique-t-il. (Voir la vidéo) L'adaptation a non seulement des avantages économiques, mais passe aussi par la reconversion d'ouvrages qui ne sont plus ou ne seront plus utilisés, en respect des objectifs de réduction de la consommation en gaz naturel (- 22 % en 2028, par rapport à 2012).
Toujours selon Anthony Mazzenga, l'adaptation des infrastructures gazières reste pertinente dans le contexte du développement des « sept bassins » privilégiés par la Stratégie nationale de développement de l'hydrogène décarboné (SNDHD). « C'est à ce niveau que les premiers projets concrets de GRTgaz se développent en la matière. Nous aurons également la nécessité de raccorder ces bassins entre eux, pour raccorder les plus producteurs aux plus consommateurs. » Le gestionnaire de distribution de gaz prévoit également une interconnexion adaptée à l'hydrogène, qui « préfigure l'ambition d'une dorsale européenne ». Le projet Mosahyc reliera ainsi la France à l'Allemagne et au Luxembourg d'ici à 2026.