Pour permettre à l'AIE d'actualiser ses scénarios mondiaux, un scénario énergétique ''de référence à l'horizon 2020-2030'', doit être produit tous les quatre ans par les gouvernements du monde entier.
Réactualisé récemment et présenté le 2 avril par la Direction Générale de l'Énergie et des Matières Premières (DGEMP) pour la France, ce scénario de référence a pour objectif de représenter ce que deviendrait la situation énergétique Française si aucune politique ou mesure nouvelle, autre que celles déjà en place ou décidées au 1er janvier 2008 (donc, en particulier, avant les mesures issues du ''Grenelle de l'environnement''), n'était prise affectant cette situation ni pour l'améliorer, ni pour la dégrader.
Par plusieurs aspects (sécurité d'approvisionnement, émissions de CO2, efficacité énergétique, etc.), il est clair que le scénario de référence proposé dans le présent exercice n'est pas celui qui permettrait de satisfaire les objectifs de la politique énergétique française, prévient la DGEMP dans son rapport.
Selon ce scénario, la DGEMP pronostique que sans mesures nouvelles, les importations de gaz s'élèveraient à 66 milliards de m3 en 2020 (59 Mtep) et 78 milliards de m3 en 2030 (70 Mtep), contre 44 milliards de m3 aujourd'hui. Outre les émissions de CO2 qui en découleraient, ce quasi doublement des importations poserait un double problème : sur l'origine géographique du gaz ainsi importé (avec des contrats d'approvisionnement appropriés) et sur les infrastructures (terminaux de gaz naturel liquéfié, gazoducs) qui permettraient de l'acheminer, prévient la DGEMP.
Enfin, en suivant ce scénario ''immobiliste'', la France serait loin d'atteindre les objectifs communautaires, tant sur les émissions de CO2 qui ne cessent de croître jusqu'à 2020 et même s'accélèrent ensuite jusqu'à 2030 (du fait des transports et de la production d'électricité), que sur la part d'énergies renouvelables dans le mix énergétique. À cet égard, il apparaît que la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale élargie au sens de la Commission européenne, s'élèverait à 13,4% en 2020 (contre 23% dans le projet de partage des efforts de la Commission) et 13,7% en 2030, contre 10,3% constatés en 2006, indique la DGEMP.
Conclusion : il sera nécessaire d'engager des politiques et mesures supplémentaires par rapport à celles déjà en place ou décidées.
Rappelons qu'à l'occasion de la publication de la dernière édition de son rapport prospectif World Energy Outlook en novembre dernier, l'AIE avait demandé à tous les pays de mettre en œuvre rapidement une transition vers un système énergétique plus sûr et moins émetteur de carbone mais sans entraver le développement économique et social. Les dix années à venir seront cruciales pour tous les pays, y compris la Chine et l'Inde, avait prévenu Nobuo Tanaka. Selon l'AIE, l'approche la plus économiquement efficace fera intervenir des instruments du marché, notamment ceux qui attribuent une valeur financière explicite aux émissions de CO2. Des mesures réglementaires telles que normes et prescriptions seront également nécessaires de même que des aides publiques aux activités de recherche à long terme, de développement et de démonstration portant sur les nouvelles technologies. En Chine et en Inde, c'est avant tout l'urgente nécessité de lutter contre la pollution atmosphérique locale qui amènera sans doute à redoubler d'efforts pour endiguer l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. À ce sujet, l'agence privilégie la coopération étroite avec les deux géants.