Treize organisations professionnelles, dont les gaziers, contestent les derniers arbitrages du Gouvernement favorisant l'usage du chauffage électrique dans la prochaine réglementation environnementale (RE) 2020 des bâtiments neufs. Ces treize acteurs (1) sont des représentants de la filière gaz (Association française du gaz-AFG, Coénove, Uprigaz, etc.) mais également des filières du génie climatique (Énergies et Avenir, UMGCCP, Uniclima). Figurent aussi l'association d'élus Amorce, les acteurs des filières de l'efficacité énergétique (Fedene) ainsi que des énergies renouvelables (Enerplan pour le solaire et le Cibe pour le bois-énergie). Ces derniers ont co-signé une lettre (2) adressée, ce jeudi 30 janvier, au Premier ministre et demandent à être reçus à Matignon.
Pour rappel, le 14 janvier dernier, les ministres du Logement et de la Transition écologique (en copie de la lettre) ont précisé le calendrier de la RE 2020 qui s'appliquera aux constructions neuves à partir du 1er janvier 2021. Les textes réglementaires seront publiés d'ici cet automne. Les deux ministres ont aussi confirmé la baisse du coefficient d'énergie primaire de l'électricité de 2,58 à 2,3, et ont fixé le contenu carbone du chauffage électrique qui passera de 210 g de CO2/kWh à 79 g de CO2/kWh. « La modification de ces critères, qui peut sembler anecdotique et technologique, présente cependant des conséquences concrètes tout à fait négatives », dénoncent toutefois les signataires. « En effet, en retenant ces valeurs, qui ne reposent pas sur des méthodes éprouvées et partagées, le Gouvernement favoriserait, de fait, le chauffage électrique, au détriment des autres énergies, et en particulier des solutions de chauffage par des énergies renouvelables (bois, géothermie, solaire, biogaz) », estiment les treize acteurs. Ce choix « réduirait artificiellement le bénéfice environnemental de la rénovation énergétique des logements alors qu'il s'agit d'une priorité annoncée du Gouvernement », critiquent-ils.
Prendre en compte la pointe hivernale
De son côté, l'association Équilibre des énergies, qui regroupe des acteurs de la filière électrique, juge qu'« il n'y a plus lieu de polémiquer sur les arbitrages de la RE 2020 » et que le Gouvernement « a raison ».
Au printemps, les ministres prévoient de concerter à nouveau les acteurs concernés pour « [analyser] avec précision les effets de la RE 2020 sur les matériaux, les modes constructifs et les filières du bâtiment ». Les simulations sont actuellement en cours pour déterminer les critères et les principaux seuils de la RE.