Un manque d'investissement inquiétant…
Les experts qui planchent sur les moyens de transférer les technologies propres vers les pays émergents et en développement s'inquiètent notamment du déséquilibre d'investissements observé entre l'Asie et l'Afrique. De nombreux négociateurs africains ont fait part de leur inquiétude sur le fait que l'actuel système n'apporte que peu de vrais bénéfices pour le continent, a déclaré à l'AFP Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC). Créés afin d'aider les pays en développement à réduire leurs émissions de GES, les porteurs de projets de Mécanismes de Développement Propres (MDP) boudent l'Afrique. Sur les 850 projets validés fin 2007, plus de 500 ont été développés en Asie principalement en Inde et en Chine. 300 ont été enregistrés en Amérique centrale et latine alors que l'Afrique ne compte qu'une vingtaine projets. Au final, les investissements sur ce continent sont minimes : la valeur totale des projets en Afrique financés par le Fonds pour l'environnement mondial au cours des dix-sept dernières années est de 378 millions de dollars, alors que la valeur des projets à l'échelle du monde est de plus de 2,4 milliards de dollars, ce qui reflète le manque de subventions pour le continent, précise Yvo de Boer.
…malgré des effets du changement climatique déjà visibles
Pourtant le continent africain pourrait être le plus affecté par les changements climatiques. Fonte des (rares) glaciers, déforestation, pénuries d'eau, ces conséquences sont déjà visibles sur le continent. Selon l'Atlas du PNUE publié en juin dernier, 300 millions de personnes sont ainsi exposées à des pénuries d'eau en Afrique, et les zones sub-sahariennes concernées par ce phénomène devraient s'étendre d'un tiers d'ici 2050. Par ailleurs, plus de 4 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année soit deux fois le taux mondial moyen de déforestation. Cette perte des forêts est suivie de près par la perte de la biodiversité qui est déjà une réalité dans 34 pays africains.
Pour lutter contre la déforestation, les experts réunis à Accra étudient la possibilité d'intégrer les forêts au marché du carbone en se basant sur le fait que la combustion des arbres pour récupérer les terres relâche du CO2 dans l'atmosphère. La protection de la forêt pourrait ainsi contribuer à éviter ces émissions et se traduire par la distribution de quotas de CO2 aux pays protecteurs.
Mais les associations de protection de l'environnement ont profité de la réunion d'Accra pour alerter sur les effets pervers de ce dispositif. Les Amis de la Terre International craignent que l'inclusion des forêts dans le marché du carbone évite à certains pays de réduire réellement leurs émissions de CO2. Cette inclusion risque également d'augmenter la valeur des terres forestières et de déséquilibrer la situation foncière voire de provoquer des abus dans les droits de propriété aux dépens des peuples autochtones et des autres communautés dépendantes de la forêt. Pour l'organisation, il semble nécessaire que les négociations se concentrent moins sur les finances et plus sur les causes de la déforestation, notamment l'accroissement de la consommation de biocarburants, de viande et de bois.
La conférence d'Accra doit se clôturer demain après sept jours de débats. La prochaine réunion importante est programmée pour décembre prochain et aura lieu à Poznan en Pologne. L'accord des pays signataires de la CCNUCC sur la liste des outils à disposition devient urgent afin de pouvoir enfin aborder les négociations liées aux objectifs de réduction qui, selon la feuille de route décidée à Bali, devront être actés à Poznan.