Le SER dénonce une exagération des coûts de l'éolien…
Le SER remet en cause notamment le fait d'avoir intégré l'éolien offshore à l'étude. Le syndicat s'appuie sur le fait que cette filière est naissante et que son développement d'ici à 2020 est marqué par de nombreuses incertitudes qui ne permettent pas d'en déduire les coûts qu'elle engendrera. En reprenant les données de l'Institut Montaigne, l'organisation représentative des professionnels du secteur conclu que la prise en compte de cette filière exagère d'1 milliard d'euros le résultat de l'étude.
Le Syndicat remarque également que l'auteur du rapport n'a pas pris en compte la dégressivité du tarif d'achat de l'électricité éolienne. Il rappelle que les tarifs d'achat fixés par le Ministère de l'énergie intègrent une diminution des tarifs corrigés de l'inflation de 2% par an. D'ici 2020, les tarifs de l'éolien terrestre devraient donc baisser passant en euros constants de 82 €/MWh à 63 €/MWh. En considérant que la dégressivité du tarif d'achat conduit à une baisse de 12% du coût d'installation de l'éolien à l'horizon 2020, le groupement professionnel évalue à 360 millions d'euros par an la surestimation induite par ce biais.
Par ailleurs, l'Institut Montaigne a choisi d'intégrer dans son étude les coûts liés au renforcement du réseau électrique national et l'évalue à 3 milliards d'euros. Le SER conteste ce choix en soulignant que ce chiffre se fonde sur une estimation datant de 2002. RTE, dans une communication très récente, le 1er juillet 2008, évalue ce coût pour le réseau de transport à 1 milliard d'euros, complète le SER. Les professionnels remarquent surtout que ce surcoût lié au réseau n'a été pris en compte que pour la seule filière éolienne et non pour l'ensemble des énergies comparées dans ce rapport : on est en droit de s'étonner devant ce parti pris car la nécessité de renforcer les réseaux s'impose pour les raccordements de tout mode de production, quelle que soit sa nature : centrale thermique, nucléaire.
…et une minimisation des bénéfices du secteur
Le syndicat regrette également que la comparaison des différentes filières n'ait pas pris en compte les données les plus récentes concernant les coûts de production et les prix de marché. Les coûts de production affichés par l'étude pour le parc nucléaire et le parc thermique ne reflètent pas l'évolution récente du prix des combustibles, souligne le SER. Le syndicat estime que cet « oubli » conduit à une charge supplémentaire et injustifiée sur l'éolien de 660 millions d'euros.
S'agissant des économies de CO2, les professionnels de l'éolien remarquent que cette notion n'a pas été prise en compte dans les calculs. Pourtant, selon eux, l'économie de CO2 réalisée grâce à l'énergie éolienne serait de 25,2 € / kW, soit à l'horizon 2020 et avec un parc installé de 20.000 MW, une économie totale de 500 millions d'euros.
Enfin, le syndicat rappelle que l'énergie éolienne engendre des bénéfices au titre de l'économie réalisée par la construction évitée de nouvelles centrales thermiques et nucléaires. Si l'on part de l'hypothèse, comme le fait le rapport, que l'éolien se substitue pour un tiers au nucléaire et pour deux tiers à de la production thermique et en prenant un coût complet du nucléaire de 56 € / MWh, on aboutit à une économie supplémentaire de 920 millions d'euros, calcule le SER.
Au final, le Syndicat des Energie Renouvelables ne présente pas du tout le même bilan que le rapport de l'Institut Montaigne et arrive à un bilan positif d'1,2 milliards d'euros.
Rappelons que l'énergie éolienne figure au cœur du dispositif français de développement des énergies renouvelables afin d'atteindre à l'horizon 2020 l'objectif européen de 23 % d'énergies renouvelables en France. La loi du Grenelle 1 qui va être étudiée prochainement à l'Assemblée nationale affiche un objectif de 25.000 MW de puissance installée d'énergie éolienne à cette date. Cette bataille de chiffre risque d'ailleurs de perturber les débats de l'assemblée puisque le Président de la Commission des Affaires économiques, de l'environnement et du territoire, le député Patrick Ollier (UMP), a clairement indiqué qu'il allait s'intéresser de près au rapport de l'Institut Montaigne afin de mener un débat transparent sur le sujet.