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Réseau de chaleur et biomasse : une transition bienvenue, un approvisionnement à interroger

La biomasse, forestière notamment, joue un rôle essentiel dans la transition énergétique des réseaux de chaleur. Mais afin d'éviter une consommation excessive de la ressource, la pertinence de cet usage doit toujours être interrogée.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  G. Boillot-Defremont
Réseau de chaleur et biomasse : une transition bienvenue, un approvisionnement à interroger

Le 3 mai 2024, la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), société d'économie mixte chargée de la gestion du réseau de chaleur parisien, a annoncé avoir finalisé le remplacement du charbon par de la biomasse sous forme de granulés de bois dans les chaudières de la chaufferie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), localisée sur le même site que ses deux chaufferies fonctionnant au gaz certifié d'origine renouvelable. Le reste de la chaleur vient majoritairement d'unités de valorisation des déchets ménagers. La sortie du charbon a commencé en 2015 et a demandé notamment des investissements logistiques pour approvisionner les chaudières en granulés de bois. Le montant total des investissements pour ce chantier est de 70 millions d'euros.

Une évolution bienvenue

« Une des premières ressources de chaleur renouvelable est la biomasse, et toutes les études prospectives s'accordent à dire qu'elle doit jouer un rôle majeur dans la transition énergétique », indique l'Ademe dans son étude sur le développement des réseaux de chaleur et de froid à l'horizon 2050.

Les trois scénarios d'évolution du mix énergétique alimentant les réseaux présentés par l'agence gouvernementale prévoient un taux de biomasse oscillant entre 25 et 40 %, pour un taux de charbon stationnant en-dessous des 10 %. La part du charbon dans le mix énergétique de la CPCU s'élevait en 2015 à 19 %. Elle est tombée à 2 % en 2023, pour disparaître cette année au profit de la biomasse.

Adapter les chaudières

La transition progressive du charbon vers la biomasse a demandé une adaptation du process industriel, d'abord à une cocombustion, puis à une combustion unique. Ces travaux se sont accompagnés d'une instrumentation communicante des chaudières afin d'analyser leur comportement de combustion et d'optimiser les réglages.

Adaptation logistique

L'usage de biomasse solide a demandé à la CPCU de faire évoluer son principal site de production à Saint-Ouen. Ont été construits des bâtiments de déchargement et des silos de stockage adaptés, des portions de voies ferrées pour permettre aux trains venus du port de Rouen d'approvisionner la chaufferie et, enfin, de nouvelles galeries de convoyage entre le quai ferroviaire et la chaufferie.

« Chaque jour, 1 200 tonnes de granulés de bois (pellets, NDLR) arrivent depuis le port de Rouen pour alimenter la chaufferie », indique Séverine Goujon-Roblin, responsable communication de la CPCU. À l'année, ce sont entre 220 000 et 400 000 tonnes de biomasse forestière et de résidus de la filière bois issus des forêts européennes et transformés en pellets hors du territoire français qui sont désormais nécessaires pour alimenter les chaufferies de la CPCU.

Côté approvisionnement

Un tonnage équivalent aurait-t-il pu être récupéré en France ? Côté biomasse forestière, Marco Gardin d'Obbois, service spécialisé dans la filière bois, indique que le territoire français en contient en quantité suffisante (les données 2022 de l'IGN font état de 87 millions de mètres cubes de production de bois coupés et sur pied). « La production de plaquettes consécutive est importante et en pleine croissance », précise-t-il.

Propellet, l'Association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois, indique, quant à elle, que le granulé utilisé en France provient à 85 % de la métropole. La filière s'appuie sur ses 73 usines de production réparties sur l'ensemble du territoire. Trois nouvelles installations ont été ouvertes en 2023, pour une capacité de production supplémentaire de 200 000 de tonnes de granulé de bois. C'est-à-dire la fourchette basse de ce que demandent les chaufferies du CPCU en une année...

Même si la biomasse apparaît comme un combustible d'avenir pour opérer la transition énergétique des réseaux de chaleur, l'approvisionnement de la CPCU en granulés de bois hors du territoire montre que la question des usages demeure centrale. À ce sujet, l'Ademe indique que l'électrocarburant devrait consommer plus de la moitié de la production de biomasse forestière, s'il devait remplacer l'intégralité du carburant actuellement utilisé.

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