Alors que la première année de la campagne était consacrée à la sensibilisation sur l'effet de serre, son origine, ses conséquences et son lien avec la consommation d'énergie et les gestes quotidiens, l'année 2005 incitait les Français à passer à l'acte. Appuyés par un contexte favorable avec la flambée des prix des énergies fossiles et des évènements climatiques extrêmes, deux leviers majeurs ont permis de mobiliser les Français autour des économies d'énergie : la poursuite de la campagne d'information dans les média et le crédit d'impôt renforcé début 2005 pour les équipements les plus performants en énergie. Deux ans après le début de la campagne, le bilan est jugé satisfaisant même s'il reste difficile à chiffrer en termes de quantité d'énergie et de réduction d'émission de gaz à effet de serre.
Mobilisation des citoyens
Plusieurs indicateurs ont été utilisés pour évaluer la mobilisation des Français en 2005 : leur réaction aux campagnes de communication sur les gestes et au Plan Soleil, l'évolution de leurs comportements d'achats en équipement économes en énergie et le niveau de consultation et de demande d'information auprès de l'Agence De l'Environnement et la Maitrise de l'Energie (ADEME) sur les économies d'énergie.
Concernant les effets de la diffusion des spots TV et radio, 45 % de ceux qui ont entendu la campagne radio ont affirmé avoir modifié un geste au quotidien. Parmi ceux qui ont vu la campagne télé, 54 % affirment la même intention. Cette proportion passe à 64 % auprès de ceux qui ont mémorisé les campagnes radio et TV. Ces gestes quotidiens concernent plus particulièrement l'éclairage avec par exemple l'extinction de la lumière quand on sort d'une pièce (45% des gestes cités) ou la fermeture des veilles des appareils électriques (35%).
Concernant les résultats de la campagne du Plan Soleil, le marché du chauffe-eau solaire a quasiment doublé en 2005 par rapport à 2004 avec plus de 100.000 m2 de panneaux solaires photovoltaïques installés en métropole.
Du côté des achats économes en énergie, la tendance est à l'augmentation. Alors qu'en 2002, 44,7% des Français possédaient des lampes basse consommation, ils étaient 51,1% en 2004. La proportion des appareils de production de froid de catégorie A et A+ représente 70% des ventes en 2005 contre 43% en 2003.
L'ADEME s'est également basée sur l'évolution des quantités de demandes d'informations que ce soit par téléphone, par le réseau des Espaces INFO ENERGIE (EIE) ou par Internet pour évaluer l'impact de la campagne.
La plate-forme téléphonique mise en place par l'ADEME comporte un téléphone Vert consacré à la promotion des chauffe-eau solaires dans le cadre du Plan Soleil et un téléphone Azur généraliste notifié en fin de spots radio de la campagne ainsi que dans les guides d'information. Résultats : 60.000 appels ont été traités en 2004 et environ 100.000 en 2005.
Dans les cas où les demandes nécessitent des conseils techniques pointus, les appels sont redirigés vers les Espaces INFO ENERGIES. Mis en place en 2001 en partenariat avec les collectivités locales pour apporter un service d'information et de conseils de proximité sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, le réseau INFO ENERGIE s'est développé rapidement entre 2002 et 2004 sur l'ensemble du territoire avec une progression de près de 80 % sur deux années consécutives. Fin 2005, le réseau est ainsi composé de 180 EIE animés par 300 conseillers. La demande d'information émane principalement des ménages (82 % des contacts), des entreprises et des professionnels (10 %) et les conseils se concentrent sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans l'habitat. Près de 800 000 personnes ont été conseillées en 2004 et un nouvel accroissement de + 50 % est prévu pour 2005 avec près de 1.200.000 personnes conseillées.
Mobilisation des partenaires
Depuis le lancement de la campagne de nombreux partenaires se sont associés autour de plusieurs manifestations. Afin de relayer et de démultiplier la campagne, l'ADEME a rassembler des partenaires (entreprises, collectivités et associations) sous le « Club Planète Gagnante ». Pour leur adhésion, les partenaires doivent démontrer un engagement en matière de développement durable et de lutte contre les changements climatiques pour bénéficier d'aide pour la mise en œuvre de leurs actions. Depuis le lancement officiel de la campagne, plus de cent partenaires, aux niveaux régional et national, se sont rassemblés sous le sceau de la campagne « Economies d'énergies. Faisons vite, ça chauffe ». En 2004, 1425 actions partenariales avaient déjà été réalisées et on recense à ce jour 2500 opérations menées en 2005. 65% de ces actions ont été menées par des partenaires nationaux, les 35% restant ayant un caractère plus local. La majorité des actions concernent la diffusion de brochures d'information (27%) et la sensibilisation de terrain (24%). Près de 54% des opérations sont dédiées au grand public et pas moins de 14% sont destinées aux jeunes publics dont l'essentiel en milieu scolaire.
Le Défi pour la Terre est un autre exemple de mobilisation. Lancé le 24 mai 2005 par la Fondation Nicolas Hulot et l'ADEME, ce défi a pour but de faire passer de la parole à l'acte à travers un engagement de moralité. Des célébrités, des collectivités, des entreprises et des particuliers se sont engagés à mettre en pratique un geste quotidien en faveur de l'environnement que ce soit le tri des déchets, le choix d'appareils économes en énergie ou encore conduire souplement et moins vite. En novembre 2005, cette opération comptait plus de 300.000 personnes engagées représentant théoriquement une réduction de 146.000 tonnes de rejet de CO2 grâce à ces gestes.
Depuis mai, la mobilisation se poursuit avec le lancement de deux concours, l'un scolaire concernant les écoles primaires (plus de 700 classes participantes à mi-novembre 2005) et l'autre dédié aux collectivités locales lancé à l'occasion du Salon des maires et des collectivités locales, le 23 novembre 2005.
Bilan et perspective
À travers cette campagne et toutes les manifestations qui en ont découlé le citoyen français est ainsi confronté à la problématique d'économies d'énergie que ce soit au travail, à l'école ou à la maison. Selon un sondage de l'IFOP réalisé à la demande du ministère de l'industrie, 7 français sur 10 se sentent concernés par les économies d'énergie et la connaissance des actions permettant d'économiser l'énergie progresse sensiblement. Par exemple, en octobre 2005, 61% des personnes interrogées déclaraient bien connaître la réglementation et les recommandations concernant la conduite automobile alors qu'ils n'étaient que 48% en novembre 2002.
Plus globalement, il semblerait que les Français prennent conscience de la dangerosité du phénomène de l'effet de serre et son lien avec les activités humaines même si ils n'en comprennent pas toujours le fonctionnement : la déforestation, l'utilisation personnelle de la voiture et le transport routier de marchandise sont les causes les plus citées devant, entre autre, la production d'électricité dans une centrale nucléaire (ce qui, toute considération mise à part, constitue une erreur), le chauffage au fioul et la production d'électricité à partir du charbon.
Mais bien connaître ne veut pas dire agir et le passage à l'acte est encore principalement dicté par des incitations financières : 75% des personnes interrogées déclarent qu'une aide financière de l'état serait la première mesure qui les inciterait à acheter un véhicule consommant moins de carburant.
Le constat est le même pour l'investissement dans les économies d'énergie. Le crédit d'impôt apparaît comme étant la mesure la plus incitative pour 74% des personnes interrogées.
D'après le ministère de l'industrie, les crédits d'impôt ont représenté en 2004 une dépense fiscale de 300 millions d'euros et il y a de grandes chances pour ce chiffre soit encore plus élevé en 2005 et 2006.
En effet, de nouvelles mesures vont être prises et vont continuer à encourager les économies d'énergie. En 2006, la campagne va s'accélérer et s'orienter de plus en plus vers le concret et le coté pratique a souligné la Ministre de l'écologie, Nelly Olin. Nous souhaitons désormais que les Français poursuivent leurs efforts en investissant davantage dans l'achat d'équipements économes en énergie et en particulier dans les domaines du chauffage et de l'isolation, a précisé Michèle Pappalardo, Présidente de l'ADEME.
C'est pourquoi de nouvelles mesures pratiques entreront en vigueur en 2006 et viendront appuyer celles déjà mises en place. Ces dispositions concernent notamment les taux de crédits d'impôts qui seront augmentés par la loi des finances de 2006 et élargis à de nouveaux achats comme aux équipements de raccordements à un réseau de chaleur renouvelables ou aux véhicules électriques.
D'autres part, la mise en place du système de certificats d'économies d'énergies va permettre d'impliquer les fournisseurs d'énergies et devrait renforcer la rentabilité des économies d'énergies en particulier dans le secteur résidentiel.
La réglementation thermique des bâtiments va également être mise à jour prochainement pour limiter à 80 kWh par m2 et par an, la consommation de chauffage des bâtiments neufs contre 100 aujourd'hui.
La sensibilisation et l'information vont se poursuivre à travers l'instauration des étiquettes énergétiques pour les automobiles et des diagnostics de performance énergétique pour les logements.
Le ministre de l'industrie, François Loos, se veut motivé : nous avons encore pas mal de travail à faire mais je suis optimiste. Il a rappelé que l'objectif principal est de diminuer la dépendance de la France aux énergies fossiles et de réduire sa facture énergétique. Avec un taux de dépendance qui avoisine les 50% en dépit de la place faite aux énergies alternatives, l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables, la facture énergétique extérieure française s'élevait en 2004 à 28 milliards d'euros et devrait approcher les 40 milliards d'euros en 2005.