C'est donc dans le cadre du renforcement de la politique de l'Etat pour la promotion du vélo que, Dominique Perben, ministre des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer, a annoncé mardi 18 avril dernier la nomination d'un coordinateur interministériel chargé de promouvoir l'usage du vélo. Le Président de la République a ainsi nommé Hubert Peigné*, Ingénieur Général des Ponts et Chaussées à ce poste qui présidait le « Comité national pour le suivi de la politique du vélo », structure mise en place par les pouvoirs publics en 1994 pour présenter et confronter le point de vue de l'ensemble des acteurs de ce secteur dans un cadre partenarial.
Nommé par décret** pour une durée de trois ans, Hubert Peigné aura la charge de coordonner la politique du vélo au niveau de six ministères : Transports, Intérieur, Economie, Ecologie, Jeunesse et Sports, Tourisme et Collectivités territoriales, mais sera placé sous tutelle du ministre des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer. Outre la relance de la coordination interministérielle de la politique en faveur du vélo, ce dernier aura pour rôle de mobiliser les différents acteurs afin de favoriser ce mode de transport et de loisir. Je souhaite donc que le coordonnateur puisse, dès maintenant, mobiliser l'ensemble des acteurs pour donner une nouvelle dynamique aux actions publiques en faveur de ce mode de transport et de loisir moderne et qui doit se développer, a déclaré le ministre Dominique Perben lors d'une conférence de presse à laquelle participaient des associations de défense du vélo, du piéton et de la sécurité routière.
Le coordinateur aura en particulier, pour mission de mutualiser les expériences acquises par un échange permanent entre les élus, les associations, les fédérations et les ministères concernés. Il pourra en particulier apporter son expertise aux services administratifs compétents en matière de sécurité routière et de développement durable.
Il aura également pour mission de recenser les structures actuelles en charge de ces sujets pour la mise en cohérence de leurs actions sur les problématiques liées au vélo et aux modes de déplacements doux et de s'inspirer des exemples étrangers. Selon des statistiques européennes, la France figure parmi les pays européens les moins adeptes du vélo : ce moyen de transport représente 3 % du nombre des déplacements, contre 28 % aux Pays-Bas, 10 % en Allemagne et en Belgique, 4 % en Italie. En France, deux cents mètres sont parcourus par jour et par personne, contre 800 mètres en Allemagne, 900 mètres en Belgique et 2,3 km aux Pays-Bas.
Le coordinateur pourra par ailleurs orienter la réflexion du Gouvernement sur l'évolution nécessaire de la réglementation. Le coordonnateur pourra par exemple proposer des dispositions nouvelles pour l'amélioration de la sécurité des cyclistes, le développement concerté aux niveaux régional, national et européen des voies vertes ou des autres sites propres réservés aux modes doux et les impacts du développement de l'usage du vélo sur l'organisation des déplacements notamment urbains et sur la voirie. Ces éléments devront également porter sur les utilisations plus sportives du vélo et les apports de ce mode de locomotion au tourisme. Sa mission devra également proposer des options stratégiques sur les choix industriels ou les politiques d'intégration sociale par le vélo.
Il devrait aussi élaborer un plan d'actions pluriannuel pour mettre en évidence les avantages que représente pour toute la société le développement du vélo et des modes de transport doux. Il sera réalisé en deux étapes, dont la première s'achèvera au printemps 2007.
Le coordonnateur pourra proposer des actions spécifiques auprès des plus jeunes dans le cadre scolaire pour les sensibiliser notamment à l'intérêt de l'usage du vélo notamment pour les déplacements domicile-école.
Par ailleurs, souhaitant améliorer l'information et la sécurité des déplacements par modes doux, en partenariat avec les acteurs institutionnels et associatifs, le ministre des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer a engagé des travaux de réflexion sur le thème du Code de la rue, à partir des dispositions du Code de la route spécifiques au milieu urbain. Un Comité de pilotage a, de ce fait, été installé. Avec les acteurs institutionnels et associatifs, nous allons recenser les dispositions du Code de la Route spécifiques au milieu urbain, les examiner, en discuter, dans l'objectif d'une meilleure information sur les dispositions applicables en ville et d'une meilleure sécurité pour tous les utilisateurs de la voirie, en particulier les plus vulnérables, a indiqué le ministre des transports.
Selon la Sécurité routière, en 2004, en France, les piétons et cyclistes ont été impliqués dans 30 % des accidents corporels urbains et représentent 31 % des tués ainsi que 32 % des blessés graves en ville. Mais la FUBicy et le Club des Villes Cyclables ont souhaité apporter des précisions à ces chiffres. lls rappellent que le vélo représente 4 % de la part des déplacements en ville, avec 15 % de citadins qui l'utilisent occasionnellement. Le vélo représente également 4% des blessés, et 3 à 4% des tués. Ces chiffres pondèrent donc largement la part des cyclistes blessés et tués, indiquent t'ils. Par ailleurs, soulignant que la Direction de la sécurité et de la circulation routières avait confirmé officiellement que les mauvais résultats 2005 (légère augmentation du nombre de victimes piétons et cyclistes) étaient corrélés avec une augmentation des vitesses pratiquées en ville par les automobilistes, la FUBicy et le Club des Villes Cyclables estiment que généraliser les zones 30 et les contre-sens cyclables sont une priorité pour améliorer la sécurité de tous en ville. Ils espèrent que la nomination d'Hubert Peigné ainsi que l'étude d'un code de la rue français, permettront un vrai partage de l'espace public et de poursuivre et amplifier les résultats très significatifs obtenus en France par la politique sécurité routière.
En 2005, l'association « Rue de L'Avenir », financé par le ministère, a publié un document d'une vingtaine de pages intitulé « La Rue dans le code de la route ». Il explique, en langage simple et pédagogique, comment se comporter en tant que piéton, cycliste ou conducteur, dans la circulation urbaine, au regard des principaux articles du code de la route.
*Hubert PEIGNÉ, Ingénieur Général des Ponts et Chaussées, a occupé plusieurs postes de Directeur Départemental ou Régional de l'Equipement, notamment en Seine-et-Marne ou en Provence, Alpes, Côte d'Azur, où il a a contribué à l'émergence d'actions en faveur du vélo.
**Décret n° 2006-444 du 14 avril 2006 instituant un coordonnateur interministériel pour le développement de l'usage du vélo paru au JO le 15 avril.
Pour en savoir plus : Association Club des Villes Cyclables (CVC) et Association des Départements Cyclables (ADC), Groupement des Autorités organisatrices des Transports (GART), Fédération des Usagers de la BICYclette (FUBicy), Association Française de développement des Véloroutes et Voies Vertes (AF3V).