Pour sa 5ème édition, ce colloque national éolien a réuni plus de 900 participants montrant l'intérêt croissant que suscite l'énergie éolienne auprès des acteurs de l'énergie. Le développement des ENR s'est considérablement accéléré (solaire, bois éolien) mais c'est l'énergie éolienne qui, bien que partant de très bas, se développe le plus rapidement, avec une progression du parc éolien de l'ordre de 60% entre 2001 et 2004.
La France reste cependant loin derrière ses voisins européens et notamment l'Allemagne et l'Espagne qui ont des parcs éoliens de puissances respectives de 18.428 MW et 10.027 MW. Ainsi, compte tenu de ce décalage historique, la dynamique du marché français cette année a été plus rapide que dans les autres pays européens.
Aujourd'hui le marché français est désormais incontournable selon l'ADEME. La présence sur le marché national des quatre leaders mondiaux du marché éolien (Vestas, Gamesa, Enercon, General Electric Wind Energy) semble en effet le prouver.
Toutefois même avec cette forte progression, l'éolien reste encore marginal dans la production d'électricité française. La barre du térawattheure (1.061 GWh) de production éolienne a été franchie pour la première fois en 2005 et représente seulement 0,22% de la consommation intérieure d'électricité française. Par rapport à la production d'électricité produite à partir de sources d'énergies renouvelables, elle a représenté 1,9 % de l'hydroélectricité (58,2 TWh en 2005) et 25 % du total des autres sources renouvelables (4,0 TWh en 2005, y compris l'énergie éolienne). Avec un ratio de 2.300 kWh/foyer et 2,7 personnes par famille, l'éolien a ainsi couvert en 2005 l'équivalent de la consommation d'électricité domestique spécifique (hors chauffage) de 1,24 millions d'habitants, soit environ le total de la consommation des habitants intra muros des villes de Marseille et de Lyon (respectivement environ 797.000 et 445.000 habitants).
Mais même avec le rythme de croissance actuel, les objectifs sembleront difficiles à atteindre. L'arrêté PPI du 7 juillet 2006 fixe en effet des objectifs ambitieux de développement de parc éolien : 13.500MW en 2010 dont 1.000 MW en mer et 17.000MW en 2015 dont 4.000MW en mer. Or compte tenu du retard français, pouvoirs publics et professionnels savent que cet objectif sera difficile à atteindre. Pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), près de 10.000 MW pourraient être opérationnels en 2010 mais à condition que les obstacles d'aujourd'hui soient levés et que n'en surgissent pas de nouveaux. Ce développement sera largement tributaire de la bonne mise en œuvre d'un cadre réglementaire.
La loi POPE du 13 juillet 2005 supprime le seuil des 12 MW nécessaire à l'obligation de rachat par EDF de l'électricité produite, mais institue des zones de développement de l'éolien. Le dispositif d'obligation d'achat (8,2 centimes d'euro par kWh) est désormais réservé aux installations implantées dans le périmètre des zones dites de développement de l'éolien (ZDE) arrêtées par les préfets sur proposition des communes concernées, en fonction de leur potentiel éolien, des possibilités de raccordement aux réseaux électriques, de la préservation des paysages, des monuments historiques et des sites remarquables et protégés. Une période transitoire de deux ans doit permettre une évolution sans heurt du système actuellement en vigueur vers le système des ZDE.
Par ailleurs, ces dernières années ont vu la réalisation de progrès technologiques de la filière éolienne concernant notamment l'impact acoustique. Le bruit aérodynamique a été réduit par l'utilisation de nouveaux profils de pales et de leurs extrémités. Le bruit mécanique est, quant à lui, extrêmement réduit par rapport aux éoliennes de « première génération » : les constructeurs ont, en effet, mis au point depuis plusieurs années, des engrenages très silencieux, des arbres de transmission sur coussinets amortisseurs ou encore des nacelles capitonnées, explique le SER.
Comme toute nouvelle construction, les émissions sonores des parcs éoliens ont été soumises à la réglementation des bruits de voisinage (décret du 18 avril 1995 et circulaire du 27 février 1996) qui repose sur l'évaluation de l'émergence chez le voisin du bruit particulier. Cette réglementation vient d'ailleurs d'être renforcée avec la publication d'un nouveau décret. Mais il reste encore à régler le problème de la perturbation électro-magnétique des radars météo et militaires.
Globalement, l'éolien a encore devant lui beaucoup d'obstacle à surmonter comme l'opposition de certaines associations ou les lenteurs administratives, politiques voire économiques... mais pour la présidente de l'ADEME, Mme Pappalardo, il devrait y arriver si les acteurs impliqués, services de l'état,collectivités locales, professionnels et ADEME, n'oublient pas que le maître mot reste la concertation.
Mme Pappalardo a d'ailleurs rappelé sa confiance puisque, d'après elle, la population est vraiment favorable au développement de l'éolien.
En effet, selon le dernier sondage réalisé par le cabinet LH2 pour l'ADEME en septembre dernier, les Français plébiscitent de plus en plus l'énergie éolienne. Ils sont 93% à souhaiter voir cette énergie se développer. L'énergie éolienne est désormais bien connue du grand public : 92 % des interrogés au niveau national connaissent l'énergie éolienne contre 87 % en 2003.
Les répondants situés dans les communes où sont implantées des éoliennes expriment de plus les attitudes les plus positives vis-à-vis de l'éolien : 85% des interrogés estiment tout à fait positif, à positif la présence d'un parc éolien dans leur environnement proche.
Plus frappant encore, alors que 12% des Français interrogés sur un échantillon national disent ne voir aucun inconvénient à l'énergie éolienne, ce taux atteint 30% chez les personnes habitant à proximité d'un lieu sur lequel se trouve une éolienne !
Si l'inconvénient principal réside dans l'atteinte au paysage pour 44% des sondés reléguant ainsi le bruit au deuxième rang, spontanément, c'est le terme d'énergie propre qui revient le plus souvent pour qualifier les avantages de l'éolien, aussi bien dans l'échantillon national (78 %) que dans les zones d'implantation ou de proximité. Les qualificatifs d'économique (surtout au niveau national) et d'écologique viennent en second lieu.
Ainsi, si l'éolien jouit majoritairement du soutien des Français, il ne fait pas l'unanimité : dans la nuit de vendredi à samedi dernier, une éolienne du parc de Roquetaillade dans l'Aude a été détruite par un incendie criminel. Un sabotage fermement condamné par le SER, sa branche éolienne, France Energie Eolienne (FEE), Planète éolienne (la fédération des associations locales de promotion de l'énergie éolienne) et la Fédération EAF (Syndicat professionnel de producteurs d'électricité d'origine renouvelable). Les professionnels tiennent à manifester leur solidarité avec leur adhérent, la Compagnie du Vent, victime de ce sabotage. De telles actions ne peuvent que susciter la réprobation et l'indignation, a déclaré le SER dans un communiqué tout en précisant que de telles actions ne peuvent, en aucune façon, être portées au débit des partisans du développement durable et des organisations écologistes qui, bien au contraire, encouragent le développement de l'énergie éolienne dans notre pays.
* Sondage réalisé en septembre 2006 par LH2 pour l'Ademe par téléphone auprès de 2.462 personnes représentatives de la population française selon la méthode des quotas.