Auditionné mardi 24 juillet par la mission commune d'information sur les pesticides du Sénat, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a réaffirmé devant les parlementaires son souhait "qu'à terme les agriculteurs n'aient plus recours à l'épandage aérien de pesticides". Une pratique qui est interdite en France mais bénéficie de dérogations préfectorales en Aquitaine, notamment en Gironde, dans le Lot-et-Garonne et dans les Landes. "L'objectif, c'est d'éviter de manière définitive ces épandages", a réitéré le ministre après son interview la veille sur France Inter, tout en ajoutant que "l'on doit trouver des alternatives dont certaines existent". Les surfaces ayant recours à ces épandages aériens "ont déjà été réduits de 22%" entre 2010 et 2011, a assuré M. Le Foll devant la mission sénatoriale.
Pas de moratoire possible en Aquitaine ?
Si le nombre de surfaces traitées a baissé, les élus du Parti Europe Ecologie les Verts (EELV) ont demandé lundi 23 juillet ''un moratoire immédiat" sur cette pratique en Aquitaine auprès du Préfet des Landes et du ministre de l'Agriculture. Les élus écologistes pointent en effet un prochain épandage dans cette région, grande productrice de maïs et dénoncent l'utilisation de la cyperméthrine, un pesticide neurotoxique, nocif, selon eux, pour les abeilles et les milieux aquatiques.
Dans une lettre adressée mi-juillet au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les conseillers régionaux EELV d'Aquitaine ont également demandé l'abrogation de la circulaire du 5 mars 2012, publiée sous l'ex-ministre Bruno Le Maire, qui "assouplit l'interdiction de pulvériser par voie aérienne sept pesticides". Cette circulaire avait donné une liste de produits "autorisés ou en cours d'évaluation" pour les cultures de banane, de riz, de maïs et de vigne. Un arrêté du 31 mai 2011 encadre ce mode de traitement.
Les représentants d'EELV soulignent que les solutions alternatives existent comme "l'épandage bio". Mais hier au Sénat, M. Le Foll a fait entendre qu'il n'envisagerait pas de moratoire actuellement faute d'alternatives à l'épandage de pesticides sur le maïs. "Il faut faire en sorte que les dérogations soient plus strictement encadrées", a affirmé le ministre. Sur France Inter, M. Le Foll a déclaré qu'il allait dans un premier temps "mettre des critères (de dérogations) qui soient beaucoup plus transparents et qui s'appliquent de la même manière partout".