Le Club des villes et territoires cyclables a proposé au Club des élus nationaux pour le vélo un ensemble de visites pour rencontrer les acteurs économiques et sociaux du vélo en France. Ainsi plusieurs entreprises ont ouvert leurs portes comme l'usine Cycleurope Industries à Romilly-sur-Seine (Aube), l'usine Moustache bikes à Thaon-les-Vosges (Vosges), l'usine Arcade à la Roche-sur-Yon et la Manufacture française du cycle à Machecoul en Loire-Atlantique.
Conclusion : le marché du vélo se porte bien, voire très bien, encouragé par l'essor du vélo électrique. Du coup, la filière dans son ensemble connait une croissance de + 50 % du chiffre d'affaires en 10 ans. Il faut dire que le prix moyen d'un vélo électrique se situe entre 1 500 et 2 000 euros alors qu'en moyenne un vélo classique, acheté neuf, tourne autour des 550 euros. Or, aujourd'hui, quasiment un vélo vendu sur quatre est un vélo électrique.
Les commandes en forte hausse
Globalement la crise de la Covid-19, qui avait interdit la pratique de nombreux sports, a dopé encore un peu plus les ventes de vélos. Mais avant cela, les différentes politiques publiques avaient déjà créé une dynamique importante avec notamment des primes à l'achat conséquentes : de l'ordre de 500 euros pour un vélo électrique, par exemple, encore proposés par la métropole de Montpellier jusqu'à la fin de l'année 2021. Aussi, en 10 ans, les investissements des collectivités concernant les politiques cyclables ont augmenté de 40 %, tant en milieu urbain que sur les véloroutes et les voies vertes. L'objectif étant de favoriser l'usage d'un vélo plutôt qu'un véhicule thermique. Et ça marche ! Exemple à Bordeaux, entre 2015 et 2019, il a été constaté une augmentation de 50 % de la pratique régulière du vélo et une forte hausse pour se rendre au travail.
Conséquence, les usines françaises tournent à plein régime et emploient à tour de bras à l'image de la Manufacture française du cycle, fabricant de vélo, leader sur le marché français, qui a récemment relocalisé une phase de la production et créé ainsi 70 emplois (l'usine emploie environ 550 personnes). Et ce n'est qu'une étape puisque l'usine est déjà en train de construire un nouveau bâtiment pour augmenter son rythme de production. Voir les coulisses de la fabrication de l'usine dans le reportage vidéo.
À l'échelle national, la filière du vélo emploie 80 000 personnes.
Une filière trop dépendante de l'Asie
Encore faut-il pouvoir être suffisamment approvisionné. Et c'est un problème essentiel, selon le président du club des villes et territoires cyclables, Pierre Serne : « On l'a vu dans toutes les visites qu'on à pu faire, ça devient problématique, il ne faudrait pas que ça freine la dynamique du développement du vélo en France ». En effet, les usines françaises importent de nombreux éléments qu'elles assemblent ensuite, comme les cadres ou les moyeux (composants de la roue) qui proviennent essentiellement d'Asie.
Avec la crise de la Covid-19 et le cargo bloqué dans le canal de Suez, « beaucoup d'entreprises ont souffert », selon Pierre Serne. Le Club des villes et territoires cyclables demande au pouvoir public d'aider davantage à l'investissement pour le développement d'une filière plus indépendante sur le territoire français.
Aujourd'hui, selon les dernières données, les retombées économiques directes de la filière vélo en France sont estimées à près de 10 milliards d'euros.