Pour l'UFC, le plan français présente deux carences rédhibitoires. Compte tenu de la forte incertitude scientifique sur le rendement énergétique de certains biocarburants comme l'éthanol à base de céréales, son intense promotion financière par les pouvoirs publics pose question, indique l'association qui précise que le bilan officiel de l'Ademe favorable au biocarburant est contredit par l'INRA et une étude de la Commission européenne.
De plus, pour l'association de consommateurs, la défiscalisation de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) sur les biocarburants ne profitera pas aux usagers domestiques mais permettra aux producteurs de constituer une très forte marge en augmentant leur prix de vente tout en restant compétitif par rapport au prix du carburant fossile.
Aussi l'association demande de globalement diviser par deux l'avantage fiscal des biocarburants puis de moduler la défiscalisation de la TIPP en faveur du biodiesel et à la défaveur de l'éthanol à base de céréales. L'association des consommateurs regrette qu'il n'est toujours pas envisagé d'importer de l'éthanol de canne à sucre, principalement du Brésil, qui offre pourtant un bon rendement environnemental et qui permettrait de nettement diminuer le prix payé par le consommateur.
Elle réclame également de rééquilibrer sa politique pétrolière en diminuant l'effort financier pour les producteurs de biocarburants et en investissant davantage sur les transports en commun ou les moteurs économes. Enfin, elle invite le gouvernement à organiser une conférence de consensus scientifique.
Conformément aux objectifs de la directive communautaire 2003/30/CE, le taux d'incorporation des biocarburants dans l'essence et dans le gazole devrait atteindre 5,75% exprimé en valeur énergétique en 2010. Mais dans un climat marqué par l'envolée du prix du pétrole, le gouvernement a défini, en novembre 2005, un nouvel objectif, plus ambitieux que la directive : en 2007, la France devra respecter un taux d'incorporation de 5,75 % de biocarburants, un niveau qui devra atteindre 7 % en 2010, soit une anticipation de deux ans pour la première de ces échéances.
Pour atteindre cet objectif le gouvernement et les professionnels des secteurs pétrolier, agricole et automobile avaient adopté le 21 novembre 2005, quinze mesures destinées à faire progresser le développement des biocarburants en France. Aujourd'hui : ils sont devenus ''la'' priorité du gouvernement. Le Premier ministre a en effet annoncé la mise en place de pompes à essence E85, carburant composé à 85% d'éthanol et à 15% d'essence. En 2008, entre 500 et 600 pompes vertes devraient êtres installés. Le mondial de l'automobile à Paris, a été par ailleurs l'occasion de mettre en avant les véhicules fonctionnant à l'énergie verte.
Il est indéniable que les biocarburants possèdent des atouts : ils contribuent faiblement aux émissions globales de gaz à effet de serre liée à l'automobile puisque le dioxyde de carbone rejeté lors de la combustion des biocarburants est en grande partie absorbé lors de la croissance des plantes qui servent à le fabriquer : il n'y a pas d'apport de carbone fossile dans l'atmosphère.
En revanche et en leur défaveur, leurs méthodes de production entraînent elles-mêmes une consommation élevée d'énergie. Ils peuvent également avoir un impact négatif sur l'environnement car ils sont généralement issus de cultures intensives, ce qui aura des impacts sur l'eau, la biodiversité - notamment à cause des engrais et pesticides - et les émissions de GES du secteur agricole.
Par ailleurs, la surface cultivable française ne peut fournir de quoi alimenter les besoins dictés par le plan français : 10 % de biocarburants dans nos réservoirs en 2015.
C'est pour ces raisons qu'un volet de recherche pour développer les biocarburants de deuxième génération (utilisant l'ensemble de la plante ou fabriqué à partir de déchets ménagers) a été lancé.
La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a réagi aux critiques de l'UFC-Que Choisir. Faire croire que les biocarburants ne seraient fait que pour les agriculteurs est scandaleux et abusif. De même, demander l'importation d'éthanol du Brésil est honteux, indique la FNSEA dans un communiqué.
Les biocarburants sont certes une vraie perspective pour les agriculteurs français et européens, reconnaît la fédération mais ils sont surtout, selon la FNSEA, une contribution essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique que ce soit par le biais du biodiesel ou de l'éthanol.