Par un règlement publié le 13 août, l'exécutif européen impose des droits compensateurs allant de 8 à 18 % aux importations de biodiesel en provenance d'Indonésie. Et ce, pour une période de quatre mois. "La mesure vise à rétablir des conditions de concurrence équitables pour les producteurs de biodiesel de l'UE", explique la Commission.
"Les producteurs indonésiens bénéficient de subventions, d'avantages fiscaux et d'un accès aux matières premières à des prix inférieurs à ceux du marché", concluent les services de la Commission après avoir mené une enquête approfondie. La principale matière première utilisée pour la production de biodiesel en Indonésie est l'huile de palme, dont la production est une cause majeure de déforestation. Mais la production d'agrocarburants sur le sol européen fait aussi appel à de l'huile de palme importée. C'est le cas la raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), mise en service en juillet dernier, qui prévoit d'importer jusqu'à 300.000 tonnes de cette matière première chaque année.
L'UE avait institué des droits antidumping définitifs sur les importations de biodiesel indonésien en novembre 2013 mais ils ont été annulés en mars 2018 suite à une décision du Tribunal de l'UE de septembre 2016. Depuis, "les importations ont augmenté de façon spectaculaire" pour atteindre une part de marché de 3,3 %, indique la Commission. Ce qui a empêché l'industrie européenne de profiter de la croissance du marché, déplore-t-elle.
Ces nouveaux droits sont toutefois instaurés de manière provisoire. La Commission indique en effet poursuivre son enquête, avec la possibilité d'instituer des mesures définitives d'ici la mi-décembre 2019. Les menaces de préjudices commerciaux représentés par les importations en provenance d'Argentine, autre gros exportateur de biodiesel, ont, quant à eux, été écartés par l'instauration de droits compensateurs et l'acceptation d'offres d'engagement en février 2019.