« Notre ambition, elle doit être très simple : la France doit être le leader mondial de l'hydrogène vert. » Tel est le quatrième des quatre piliers de la stratégie énergétique française (avec le nucléaire, la réforme du marché européen de l'énergie et les énergies renouvelables, dans cet ordre), selon Bruno Le Maire. Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance s'est adressé en ces termes aux membres du Conseil national de l'hydrogène (CNH), réunis à Bercy, le jeudi 30 septembre, afin de dresser un premier bilan annuel de la Stratégie nationale de développement de l'hydrogène décarbonée (SNDHD). Dévoilée en septembre 2020, elle prévoit de consacrer, sept milliards d'euros de soutien public au déploiement d'une puissance d'électrolyseurs à hydrogène de 6,5 gigawatts (GW) d'ici à 2030.
Près de 300 millions d'euros en 2021
Le gouvernement a présenté les premiers résultats des dispositifs de soutien mis en œuvre, dans cette optique. « À date, 286 millions d'euros ont déjà été engagés depuis le début de l'année, correspondant à un investissement total de 952 millions d'euros, indique le gouvernement dans un communiqué. D'ici la fin de l'année, 1,7 million d'euros supplémentaires devraient être engagés ou en passe de l'être. » Cette aide publique a été distribuée à 42 projets de recherche et développement dans le cadre d'appels à projets de filière du plan de relance (51 millions d'euros), mais aussi à des laboratoires de recherche (55 millions). Dans le cadre du Programme des investissements d'avenir (PIA), quatre régions – Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes et Grand-Est – ont été accompagnées (à hauteur de 132 millions) dans l'acquisition de quatorze trains à hydrogène, à l'essai fin 2023.
Création d'un nouveau pôle français de recherche consacré à l'hydrogène
L'aide publique du gouvernement, accordée à travers ses divers appels à projets, ne sera pas la seule à encourager la recherche d'innovations en matière d'hydrogène « vert ». Le 30 septembre 2021, la branche « Gas Power » de General Electric, GRT Gaz, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), la société McPhy et le réseau des universités de technologie françaises (qui regroupe les universités de Belfort-Montbéliard, de Compiègne et de Troyes) ont signé un mémorandum d'accord. Ce dernier vise à créer un pôle français de recherche et d'enseignement supérieur s'intéressant plus particulièrement à l'hydrogène comme carburant de centrales à gaz. « En associant des fleurons industriels français et des institutions académiques de premier plan, le mémorandum d'accord de recherche ambitionne d'accélérer l'innovation autour de l'hydrogène pour tous les usages, incluant les projets bas carbone pour la production d'électricité au gaz et les applications industrielles », déclarent les signataires du mémorandum dans un communiqué commun.
Qui plus est, en parallèle de ce soutien public, plusieurs acteurs du secteur de l'hydrogène décarboné lui consacre désormais un nouveau fonds d'investissement mondial. Créé par EDF Pulse Ventures (le fonds d'investissement du groupe EDF), accompagné par Total Énergies, Air Liquide (tous deux, partenaires pour « décarboner l'hydrogène »), Vinci et Aéroports de Paris (ADP), ce fonds se dote déjà d'une enveloppe de 800 millions d'euros, vouée à grossir jusqu'à 1,8 milliard à l'avenir. Il permettra « de financer des projets d'une valeur totale de 15 milliards d'euros, ce qui en fera le plus grand fonds dédié à l'hydrogène décarboné dans le monde » énoncent les investisseurs dans un communiqué.
Se focaliser sur sept bassins industriels
En amont, les ministères de la Transition écologique et de l'Économie comptent faire « évoluer la règlementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), relative aux rubriques de la nomenclature ICPE traitant de la distribution, du stockage et de la production d'hydrogène ». Une première réunion de travail avec le syndicat France Hydrogène s'est déjà tenue, le 28 mai dernier, dans cette intention.