Les 500 millions d'euros, annoncés la semaine dernière par le gouvernement, pour soutenir la renaturation des villes sont-ils suffisants pour faire face aux vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses dans l'Hexagone ? Combien la France devra-t-elle mettre sur la table pour s'adapter au changement climatique ? L'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) a chiffré, dans un rapport (1) , les besoins de financements publics les plus urgents à allouer. Et il estime qu'il faudrait au moins, chaque année, 2,3 milliards d'euros supplémentaires consacrés à l'adaptation, et ce dès le prochain projet de loi de finances (PLF). « C'est le coût des mesures qui peuvent être prises dès à présent pour préparer, renforcer ou opérationnaliser des actions d'adaptation déjà prêtes, et ainsi anticiper les effets du changement climatique et se prémunir de dépenses bien plus élevées à l'avenir », explique le laboratoire d'idées.
Jusqu'ici, la réponse des pouvoirs publics à l'évolution des risques climatiques « a le plus souvent été réactive », souligne l'I4CE, en intervenant par exemple au lendemain d'événements météorologiques extrêmes. Ou en proposant des évolutions législatives (comme l'identification des communes à enjeux forts), mais « sans y associer de ressources pour agir », pointe du doigt l'Institut. Or, « sans une connaissance des besoins pour l'adaptation », il juge difficile de mettre en œuvre une politique « coordonnée et efficace ».
Dix-huit mesures pour « une réelle politique d'adaptation »
« Ce sont des mesures très concrètes. Il s'agit, par exemple, de revoir à la hausse les budgets de certaines politiques publiques, comme la prévention et la défense contre les feux de forêt ou la santé publique », explique Vivian Dépoues, chef de projet adaptation au changement climatique à l'I4CE. Il s'agit aussi de « créer des enveloppes dédiées pour recomposer le littoral face à la montée du niveau de la mer, pour transformer la ville, pour mieux construire les bâtiments, pour améliorer la robustesse des infrastructures », ajoute-t-il. Ou de mobiliser « des moyens humains, d'intelligence pour, par exemple, accompagner la transformation des stations de ski ».
« Le premier budget du quinquennat, qui sera présenté au Parlement après l'été, sera révélateur de la volonté de la France, du gouvernement et du Parlement, de relever le défi de l'adaptation. Un autre marqueur sera le portage politique de l'adaptation dans le nouveau gouvernement. C'est un défi qui doit impliquer l'ensemble des ministères et donc être piloté par la Première ministre », estime Morgane Nicol, directrice du programme territoires à l'I4CE.