Cette équipe internationale à laquelle les paléoclimatologues français du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA – CNRS – Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) ont participé, a mis en évidence que ces brusques changements climatiques étaient liés à des modifications radicales de la circulation atmosphérique.
Le forage NorthGRIP s'est déroulé à 75.09° de la latitude Nord, et 42.32° de longitude Ouest, à une altitude de 2930 m au Groenland. Les opérations de carottage ont eu lieu de 1996 à 2004. Ce forage, mené sur une épaisseur de plus de 3 kilomètres, a permis de connaître l'histoire du climat au cours des derniers 125.000 ans.
Dans l'hémisphère Nord, la dernière période glaciaire (Quaternaire) s'est achevée de manière brutale, avec deux épisodes de réchauffement intenses, interrompus par une période froide, soulignent le CEA et le CNRS dans un communiqué. Le premier réchauffement rapide se serait produit il y a 14.700 ans, lorsque la température du Groenland a augmenté de plus de 10°C . Il y a 12.900 ans, un retour à des conditions glaciaires s'est par ailleurs traduit par des températures extrêmement froides, avant un réchauffement final, il y a 11.700 ans, marquant la fin de la dernière glaciation.
En comparant l'évolution de l'abondance de poussières, d'isotopes de l'oxygène et de l'hydrogène dans les couches annuelles des carottes de glace, les scientifiques sont parvenus à déterminer la manière dont le climat change, année après année. C'est d'abord le contenu en poussières qui change, et qui diminue d'un facteur 10 en quelques décennies. Le premier signe de bascule du climat se trouve donc loin du Groenland, dans les déserts d'Asie, sources de ces poussières, expliquent le CEA et le CNRS.
D'après les chercheurs, ces résultats permettent de cartographier la séquence des évènements correspondant à des transitions brutales ainsi que les processus climatiques les plus importants au cours de ces réorganisations.
Ces mesures d'une résolution temporelle exceptionnelle permettent pour la première fois de comprendre l'anatomie des changements climatiques passés. Tout comme le recul extrêmement rapide de la banquise Arctique au cours de l'été 2007, les changements climatiques les plus abrupts de la dernière déglaciation sont liés à des modifications radicales de la circulation atmosphérique, précise Jean Jouzel, directeur de l'Institut Pierre Simon Laplace.
* Référence : High resolution Greenland ice core data show abrupt climate change happens in few years. J.P. Steffensen, K.K. Andersen, M. Bigler, H.B. Clausen, D. Dahl-Jensen, H. Fischer, K. Goto-Azuma, M. Hansson, S.J. Johnsen, J. Jouzel, V. Masson-Delmotte, T. Popp, S.O. Rasmussen, R. Rothlisberger, U. Ruth, B. Stauffer, M.-L. Siggaard-Andersen, A.E. Sveinbjörnsdóttir, A. Svensson, J.W.C. White, Science Express.