Selon les trois ONG à l'origine de cette enquête 1, 19 projets permettent de gonfler la production d'un gaz réfrigérant (HCFC 22) afin de fabriquer un sous-produit, le HFC 23, gaz 11.700 fois plus nocif pour le climat que le CO2. La destruction de ce sous-produit ne coûte que quelques euros la tonne, et permet d'engranger une quantité de certificats de réduction d'émissions proportionnelle au nombre de tonnes équivalent CO2 évitées… Goutte d'eau par rapport aux 2.300 projets validés jusqu'ici, ces 19 projets sont à l'origine de la moitié des quotas générés par le MDP, 420 millions de crédits MDP au total.
''Il est clair que ces projets permettent d'éviter qu'un gaz à effet de serre très puissant entre dans l'atmosphère, selon le président du comité exécutif MDP, Clifford Mahlung, cité par Reuters. Cependant, il est plus prudent que le conseil exécutif regarde si les garde-fous de la méthodologie sont toujours suffisants pour prévenir les incitations perverses, ou nécessitent d'être ajustés''.
Les ONG CDM-Watch, Noé21 et EIA se sont félicitées du lancement d'une enquête, mais ont regretté que la délivrance de crédits issus de ces projets ne soient pas suspendus. Dans un communiqué du vendredi 30 juillet, elles expliquent l'absence de décision immédiate par le conflit d'intérêt auquel font face trois membres - indien, chinois et japonais - du comité exécutif du MPD.
Le gouvernement japonais et 17 entreprises du pays sont impliqués dans 8 des projets HFC-23. La Chine abrite 11 des 19 projets, qui génèrent 65 millions de crédits carbone par an. Il en va de même pour l'Inde, qui héberge 7 projets HFC-23. En 2007, concluent les trois ONG, la société indienne Gujarat Fluorochemicals a réalisé 66 millions d'euros de profit en revendant 6,5 millions de crédits issus de la destruction de HFC 23, soit un bénéfice supérieur à celui de sa production de gaz réfrigérant HCFC 22.