Jamais deux sans trois. Un arrêté du ministre de la Transition écologique, publié le 6 août, prolonge jusqu'au 11 septembre 2022 les dérogations aux limites de rejets thermiques accordées aux centrales nucléaires du Blayais (Gironde), du Bugey (Ain), de Golfech (Tarn-et-Garonne) et de Saint-Alban-Saint-Maurice (Isère). Les dérogations avaient été accordées à ces centrales une première fois du 15 au 24 juillet, puis jusqu'au 7 août. L'arrêté étend par ailleurs les dérogations à la centrale du Tricastin (Drôme).
La centrale du Blayais est autorisée à poursuivre ses rejets dans l'estuaire de la Gironde tant que la différence entre la température des eaux prélevées et celle des eaux rejetées ne dépasse pas 11 °C en valeur moyenne journalière. La centrale de Golfech, quant à elle, peut poursuivre ses rejets tant que la différence entre la température de la Garonne en amont et la température à l'aval du rejet après mélange aux eaux du fleuve ne dépasse pas 0,3 ° C en valeur moyenne horaire.
Les conditions pour les centrales situées sur le bassin du Rhône sont les suivantes. La centrale du Bugey peut poursuivre ses rejets tant que l'échauffement après mélange des effluents dans le fleuve ne dépasse pas 3 °C en valeur moyenne journalière lorsque le débit en amont est supérieur ou égal à 300 m3/s en moyenne journalière, et 5 °C lorsque le débit est inférieur à 300 m3/s (avec une limite de température du fleuve de 28,5 °C en aval). Pour la centrale de Saint-Alban, l'échauffement après mélange des effluents dans le Rhône ne doit pas dépasser 3 °C en valeur moyenne journalière. Enfin, la centrale du Tricastin peut poursuivre ses rejets tant que l'échauffement entre l'amont et l'aval du rejet dans le canal de Donzère-Mondragon, ne dépasse pas 3 °C en valeur moyenne journalière lorsque le débit en amont est supérieur à 480 m3/s en moyenne journalière, ou 4 °C lorsque ce débit est inférieur (avec une limite de température du canal de 30 °C en aval).
Ces dérogations ont été demandées par EDF à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), tandis que le ministère de la Transition énergétique confirmait la nécessité de maintenir la production des centrales nucléaires en cause afin d'assurer la sécurité du réseau électrique et la sécurité d'approvisionnement de la France. Les dérogations permettent à EDF de maintenir en fonctionnement des réacteurs qui auraient normalement dû être arrêtés en raison de l'élévation de la température des cours d'eau liée à la canicule et à la sécheresse. Pendant toute la période de dérogation, EDF doit tenir informé l'ASN, l'Office français de la biodiversité (OFB) et les services de l'État des répercussions des rejets dérogatoires éventuellement observées sur l'environnement aquatique. L'énergéticien devra aussi remettre, avant le 31 octobre 2022, un bilan de fonctionnement des centrales durant cette période, ainsi qu'une évaluation préliminaire de l'impact sur l'environnement aquatique, associée, le cas échéant, de mesures compensatoires. L'évaluation définitive est attendue pour le 31 mars 2023.