Les conclusions de la commission d'évaluation rendues publiques le 8 septembre n'y auront rien fait. L'entrée en vigueur provisoire du traité de libre-échange UE-Canada aura bien lieu le 21 septembre, ont annoncé Jean-Baptiste Lemoyne et Brune Poirson. Les secrétaires d'Etat aux Affaires étrangères et à la Transition écologique, qui s'exprimaient à l'issue d'une réunion du comité de suivi national des dossiers de politique commerciale mercredi 13 septembre, ont toutefois indiqué qu'ils reprenaient plusieurs propositions du rapport de la commission à leur compte, notamment celle relative à une réforme de la directive européenne sur la qualité des carburants.
La commission d'évaluation, qui avait été mise en place par le Premier ministre pour répondre à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, avait constaté que le climat était totalement absent de l'accord de libre-échange et que les chapitres concernant l'environnement ne contenaient aucun engagement contraignant. Le futur président de la République s'étant engagé à faire modifier le texte si les conclusions de la commission étaient négatives, de nombreuses ONG et organisations professionnelles, se retrouvant de façon inhabituelle dans le même camp pour certaines d'entre elles, réclamaient de stopper l'entrée en vigueur de l'accord et de renégocier le texte.
"L'environnement sacrifié sur l'autel du libéralisme"
"Le gouvernement sacrifie l'environnement et la santé sur l'autel du libéralisme", réagissent de concert FoodWatch, la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) et l'Institut Veblen qui estiment que les quelques propositions du Gouvernement ne répondent en rien aux dangers du Ceta. "Au moment où Nicolas Hulot et le gouvernement s'enorgueillissent de vouloir mettre fin à la production d'énergies fossiles sur le territoire français, comment peuvent-ils justifier un accord qui encourage leur production et leur importation du Canada ?", interroge Maxime Combes, économiste et membre d'Attac.
Du côté des organisations professionnelles, la FNSEA a conditionné l'application provisoire de l'Accord à de nouvelles garanties "non seulement sur les produits sensibles, au premier rang desquels la viande bovine, mais aussi sur les distorsions de concurrence qui sont inacceptables". Plus inquière encore, l'interprofession du bétail et des viandes dénonce "l'incohérence de la décision du Gouvernement et lance un appel solennel au président de la République de respecter sa promesse de campagne".
La Confédération paysanne, quant à elle, avait estimé que l'entrée en vigueur de l'accord serait "un geste catastrophique aussi bien pour le revenu des paysans que pour la dynamique de transition agricole". Le syndicat paysan précisait, à titre d'exemple, que le Canada autorisait 46 pesticides interdits en France depuis longtemps.