C'est avec cet objectif que ministres, scientifiques, chefs d'entreprises d'une soixantaine de pays se retrouveront les 2 et 3 février à Paris pour une Conférence sur l'environnement. Face à l'extrême gravité de la situation et pour inverser la tendance, il est urgent d'agir, a déclaré mardi Alain Juppé lors de la conférence de presse de présentation de la conférence pour une gouvernance écologique mondiale. Seul un effort conjugué de tous permettra de changer les mentalités, a-t-il ajouté.
Alain Juppé, maire de Bordeaux et ancien Premier ministre a été nommé par le chef de l'Etat à la présidence du comité d'honneur de la conférence. Ce comité est composé de six autres personnalités : Hubert Vedrine, ancien ministre des Affaires étrangères, Nicolas Hulot, président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme, Edgar Morin, philosophe, Bertrand Collomb, président du groupe Lafarge, ancien membre du comité pour l'élaboration de la Charte constitutionnelle de l'environnement, Jean Jouzel, climatologue et directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace et Laurent Stefanini, ambassadeur délégué pour l'environnement.
Près de 150 personnalités venant de 60 pays sont conviées à cette conférence, qui se tiendra au lendemain de celle du GIEC et déjà près de 120 venant d'une quarantaine de pays ont répondu positivement à l'invitation , a souligné Laurent Stefanini. Parmi les invités, l'économiste à la Banque mondiale et auteur du rapport du même nom, Nicholas Stern, l'astrophysicien québécois Hubert Reeves, la navigatrice britannique Ellen Mac Arthur et le prince Albert de Monaco.
L'ambition de la conférence est de créer une mobilisation internationale. L'objectif premier sera de faire prendre conscience de l'urgence de la situation en dressant un constat commun des menaces qui pèsent sur l'environnement. Tout l'enjeu sera d'alerter sans alarmer, a estimé Hubert Védrine, présent aux côtés d'Alain Juppé.
Les autres objectifs de la conférence seront de déterminer les actions prioritaires pour lutter contre ces menaces et agir, au niveau international, pour créer une Organisation des Nations unies pour l'environnement (ONUE) comme il existe des organisations mondiales pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), pour la santé (OMS) et pour le commerce (OMC) en vue de renforcer la gouvernance mondiale environnementale. Il ne s'agit pas de partir de zéro, mais de s'appuyer sur ce qui existe, a précisé Alain Juppé. Cette ONUE aurait en effet vocation à prendre la place, avec des pouvoirs et des compétences élargis, de l'actuel Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Mais toute la difficulté sera de convaincre les Etats-Unis, pour lesquels le PNUE est largement suffisant, de l'intérêt de cette organisation.
La conférence, qui sera ouverte par le président Jacques Chirac et à laquelle assistera le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso puisque l'incitative est inscrite dans un cadre européen, traitera à travers six ateliers du dérèglement climatique, de la biodiversité, de la santé, de l'eau, des nouveaux modes de production et du renforcement de la gouvernance internationale de l'environnement.
À partir des dernières conclusions du GIEC, l'atelier « Lutter contre le dérèglement climatique » traitera de la gravité des conséquences du changement climatique et examinera certaines des mesures actuellement discutées au niveau international, notamment dans le domaine de l'énergie et des transports. Il permettra ainsi d'identifier des actions prioritaires au vu notamment des discussions de la convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et du protocole de Kyoto, dont les dernières réunions se sont tenues à Nairobi en novembre 2006.
L'atelier concernant la biodiversité fera notamment le lien avec la déclaration de Paris lancée en janvier 2005 à l'issue de la conférence « Biodiversité : science et gouvernance », et mettra en évidence le besoin de coordination et de complémentarité entre acteurs à tous les échelons ainsi que la nécessité d'approches croisées prenant en compte le changement climatique et l'énergie, la désertification, la lutte contre la pauvreté, la santé, l'économie et le commerce international.
Le contrôle des transferts et de l'utilisation des déchets et produits dangereux, la pollution atmosphérique et l'application du principe pollueur payeur devrait être quant à eux discutées dans l'atelier « Combattre les pollutions et préserver la santé.
L'atelier « Faire de l'eau un enjeu partagé » sera organisé autour des trois débats : l'assainissement : accès et préservation de la ressource en eau, l'adaptation nécessaire de la gestion de l'eau au changement climatique et la gouvernance des eaux, notamment des eaux partagées. À cet égard, l'atelier abordera la question des adaptations nécessaires (observation des effets, évaluation des ressources à terme, effet sur les territoires, coût des mesures, gestion efficace de la demande...), ainsi que celle des moyens et de la solidarité internationale en la matière. Il examinera les modes de gestion permettant d'apporter des solutions, en particulier la nécessité d'une gestion intégrée par bassin-versant ainsi que le partage de l'information, l'approche économique et l'association des pouvoirs publics et de l'ensemble des parties prenantes dans le cadre d'instances de bassin ou de commissions internationales.