Les chefs d'Etat européens qui ont clôturé le 20 mars le Conseil de Printemps, ont rappelé l'engagement de l'UE de réduction de 20% des émissions d'ici 2020 pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C. Ils ont également souligné ''l'importance'' de créer un marché mondial du carbone, y compris de réformer le mécanisme pour un développement propre (MDP).
Tout en rappelant ces objectifs de réduction des émissions et de réforme des MDP, les chefs d'Etat ont reconnu la nécessité d'aider financièrement les pays en développement dans la lutte contre le changement climatique. Des sources de financement intérieures et extérieures considérables, tant privées que publiques, seront nécessaires pour financer les mesures d'atténuation et d'adaptation, en particulier dans les pays en développement les plus vulnérables, ont-ils souligné à l'issue du conseil.
On parle d'une fourchette de 20 à 40 milliards d'euros comme participation de l'UE, a de son côté indiqué à l'AFP le Premier ministre polonais Donald Tusk tandis que la Commission a préconisé une enveloppe de 30 milliards d'euros.
Mais pour l'heure, aucun engagement concret n'a été pris. Les chefs d'Etat divergent sur la question du financement qui sera finalement discutée lors d'un prochain sommet en juin. Avant de prendre des décisions, nous demandons aux pays développés de se joindre à nous, a expliqué le président de la Commission européenne José Manuel Barroso qui a appelé les Etats-Unis mais aussi la Chine, à prendre des engagements pour la conférence de Copenhague. Nous ne pourrions pas accepter le mécanisme simpliste du ''qui pollue plus, paie plus'', a pour sa part souligné Donald Tusk, le Premier ministre polonais.
Rappelons que selon les évaluations de la Commission et la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques (UNFCCC), les investissements nécessaires pour les mesures d'adaptation dans les pays en voie de développement devraient se monter d'ici 2030 entre 23 et 54 milliards d'euros.
Colère des organisations environnementales
Le Conseil européen avait aussi pour ordre du jour la préparation du sommet du G-20 qui se tiendra à Londres à partir du 2 avril. Aussi, les chefs d'Etat européens ont préféré se concentrer sur les mesures de lutte contre la crise économique au détriment de la crise climatique, ont déploré les organisations environnementales.
Pour les associations de protection de l'environnement, ce report risque de compromettre la négociation de l'accord sur le climat : la question des financements est cruciale pour engager les pays en développement à signer la suite du protocole de Kyoto qui expire en 2012 et dont la suite doit être négociée à Copenhague en décembre, a rappelé Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace.
Il est impensable d'espérer négocier la répartition équitable de l'effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans une mise de départ clairement définie, a-t-elle ajouté. Selon l'association écologiste, pour répondre aux besoins des pays en développement, les pays industrialisés devraient apporter une aide de 40 milliards d'euros par an pour des investissements dans des énergies propres, 30 milliards pour protéger les forêts et 40 milliards d'euros pour mitiger les impacts du changement climatique sur les pays en développement.
De leur côté, les Amis de la Terre ont demandé à l'Union européenne d'assumer ses responsabilités, en s'engageant à fournir dès 2013, 35 milliards d'euros par an aux pays du Sud.