"Aujourd'hui, le dossier de la visite décennale du réacteur 1 de la centrale de Fessenheim est globalement clos", déclare à Actu-environnement Florien Kraft, chef de la division de Strasbourg de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le représentant du régulateur explique que "la quasi totalité des prescriptions que l'ASN avait formulées en 2011 sont respectées". De son côté, EDF confirme l'information et déclare être "en ligne" avec les propos de l'ASN.
En juillet 2011, l'ASN autorisait la prolongation de dix ans du fonctionnement du réacteur 1 de la doyenne des centrales françaises à condition que l'exploitant respecte quarante prescriptions. La moitié de ses prescriptions visaient une amélioration des procédures de fonctionnement. L'autre moitié consistait en une série de travaux, les deux plus importants étant l'ajout d'une source d'eau froide supplémentaire et le renforcement du radier (1) pour le rendre plus résistant à un écoulement de corium (2) . En avril 2013, des prescriptions similaires ont été formulées pour le prolongement de dix ans du second réacteur de la centrale alsacienne.
Globalement, l'ASN a laissé un à deux ans à EDF pour réaliser les travaux demandés pour le réacteur 1 et un délai plus court pour le réacteur 2, compte tenu du fait que les études préalables réalisées pour le premier réacteur s'appliquent aussi au second.
Contrôle continu
Pour s'assurer de la conformité aux prescriptions formulées à l'issue de la visite décennale, l'ASN a réalisé une série de visites d'inspection thématiques. Il s'agit du processus habituel de contrôle de la conformité des installations par rapport aux divers textes et décisions qui encadrent les autorisations de fonctionnement des installations nucléaires. En d'autre terme la validation des travaux réalisés par EDF s'inscrit dans le cadre du contrôle continu exercé par l'ASN.
"Avec la visite décennale, l'ASN a fixé de nouvelles conditions de fonctionnement et un délai de mise en conformité", explique Florien Kraft, ajoutant que "ces dispositions ont la même valeur permanente que celles fixées dans les documents encadrant le fonctionnement de l'installation depuis sa mise en service. Dès lors que l'exploitant les respecte, le réacteur peut fonctionner". La validation des travaux ne fera donc pas l'objet d'une décision officielle prise par la plus haute instance de l'autorité, le collège de l'ASN qui regroupe les cinq commissaires irrévocables, dont le président de l'ASN, nommés pour six ans par le président de la République et les présidents de chaque assemblée parlementaire.
En l'occurrence, l'ASN a réalisé des visites de contrôle et considère que le réacteur 1 respecte la quasi totalité des prescriptions. Seule une des demandes doit encore faire l'objet de dernières vérifications, mais le délai fixé court jusqu'au 31 décembre 2013 et les travaux ont été réalisés cet été. Une situation qui fait dire à l'ASN que le dossier de la visite décennale est quasiment clos et que le premier réacteur de la centrale est maintenant apte à fonctionner une décennie de plus, tout au moins du point de vue de la sûreté.
Parmi les prescriptions de l'ASN, le renforcement de la résistance du radier se démarquait sensiblement de l'ensemble des prescriptions puisque l'opération n'avait jamais été réalisée auparavant. L'Autorité demandait à ce qu'il soit "renforcé afin d'augmenter très fortement sa résistance", laissant à EDF le choix technique permettant d'y arriver. En décembre 2012, un accord de l'ASN (3) est venu valider la méthode retenue par l'opérateur.
Concrètement, EDF a choisi une solution permettant d'augmenter l'épaisseur et la surface de la zone d'étalement du corium en cas d'accident grave avec percement de la cuve (voir encart image). L'ASN, s'appuyant sur l'expertise de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire juge que les travaux proposés permettent d'"augmenter très fortement" la résistance du radier, conformément à la prescription. Ces travaux ont été achevés en juin 2013.
Lors des travaux, l'ASN a réalisé trois inspections du chantier. La lettre de suite (4) publiée à l'issue de la dernière inspection datant du 13 mai relate que "l'impression générale laissée par cette inspection a été positive tant au niveau de l'organisation que dans la mise en œuvre. La surveillance effectuée par l'exploitant sur ce chantier a également été jugée performante par les inspecteurs". Chose relativement rare, elle mentionne une simple demande de transmission des résultats des tests réalisés par EDF sur le béton, mais aucune demande d'action corrective ou observation. Autant dire un sans faute, aux yeux de l'ASN.