En 2015, pour la première fois, la puissance des nouvelles capacités de production à partir des énergies renouvelables (1) , hors grands barrages hydroélectriques, a représenté plus de la moitié de l'ensemble des nouveaux moyens de production raccordés aux réseaux électriques. C'est l'une des principales conclusions du 10ème rapport annuel sur les "Tendances mondiales des investissements dans les énergies renouvelables (2) " publié ce jeudi 24 mars par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue).
53,6% de l'ensemble des nouvelles capacités
Portées par la chute des prix, en particulier dans le solaire, "les capacités de production éoliennes et solaires ajoutées l'an dernier sont encore plus frappantes", explique le Pnue qui fait état de 118 gigawatts de nouvelles capacités de production, dont 62 GW d'éolien et 56 GW de solaire. Ce niveau est "bien au dessus" des 95 GW installés en 2014 et il représente 53,6% des nouvelles capacités de production électriques. Néanmoins, compte tenu des capacités de production à partir des énergies fossiles installées au cours des décennies passées, la part des énergies renouvelables ne compte que pour 10,3% de l'électricité produite dans le monde en 2015, contre 9,1% en 2014, tempère le rapport. Les émissions de CO2 évitées s'établissent à 1,5 milliard de tonnes.
Autre motif de satisfaction pour le Pnue, les investissements dans les renouvelables réalisés dans les pays en développement ont pour la première fois dépassé ceux réalisés dans les pays industrialisés. Tirés par les pays émergents, les investissements des pays du Sud ont progressé de 19% à 156 milliards de dollars. Le rapport note aussi que l'Inde, qui a investi 10,2 milliards (+22% sur un an), le Brésil (7,1 milliards, -10%), l'Afrique du Sud (4,5 milliards, +329%), le Mexique (4 milliards, +105%) et le Chili (3,4 milliards, +151%) figurent tous dans le "top 10" des investisseurs mondiaux.
Avec 102,9 milliards investis en 2015, soit une progression de 17%, la Chine reste de loin le leader mondial. Aujourd'hui, 36% des investissements mondiaux sont réalisés dans l'Empire du milieu.
L'Europe à la peine
A l'inverse, dans les pays industrialisés, les sommes allouées aux nouvelles capacités de production à partir des renouvelables ont reculé de 8% à 130 milliards. En Europe, ces montants chutent de 21% à 48,8 milliards, "chiffre le plus bas enregistré sur le continent depuis neuf ans". Seule source de satisfaction pour l'Europe, les investissements réalisés dans l'éolien en mer ont progressé de 11% à 17 milliards. "Parmi les principaux pays qui ont échoué à atteindre le « top 10 », figurent le Canada et la France, bien qu'ils l'aient intégré les années précédentes", souligne le rapport. La chute des investissements explique cet échec. De même, l'Italie et l'Espagne ne figurent pas dans ce classement. Seuls le Royaume-Uni (4ème) et l'Allemagne (6ème) représentent le vieux continent.
De l'autre côté de l'Atlantique, les investissements ont repris de 22% à 44,1 milliards, au plus haut depuis 2011. A noter qu'aux Etats-Unis le solaire représente les deux-tiers de l'ensemble des investissements consacrés aux renouvelables. L'investissement japonais est stable à 36,2 milliards.
Le rapport note un frémissement des investissements dans les capacités de stockage, en dehors des habituelles stations de transfert énergétique (STEP) et batteries au plomb. En 2015, 250 MW ont été installés, contre 160 MW l'année précédente, et les projets annoncés atteignent 1,2 GW.
Malgré ces nouveaux records, le Pnue estime que "le ciel est loin d'être entièrement bleu". Il note que les soutiens publics aux renouvelables "restent instables". Il cite en particulier le Royaume-Uni qui "a pris un tournant moins favorable avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement en mai 2015" ou la Cour suprême des Etats-Unis qui a décidé, en février dernier, d'autoriser les recours contre le plan de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) visant à réduire les émissions de CO2 du secteur énergétique. De même, la chute des cours des énergies fossiles pourrait freiner les investissements dans les renouvelables de certains pays en développement. Enfin, il rappelle que les émissions de gaz à effet de serre associées au secteur énergétique continuent de croître et que leur pic n'est pas attendu avant 2020 "au plus tôt".