A l'occasion de son colloque annuel qui s'est tenu le 7 février à Paris, le Syndicat des énergies renouvelables (Ser) a une nouvelle fois présenté à la ministre de l'Ecologie Delphine Batho les ambitions et les desiderata des industriels français des énergies renouvelables. Premier événement labélisé "débat sur la transition énergétique", cette conférence a été placée sous le thème de la transition : "Parler de transition énergétique doit se faire en articulant deux idées fortes : dessiner dans un premier temps des perspectives de long terme qui constituent le cap d'une politique et proposer ensuite des mesures à mettre en œuvre sans délai, cela veut dire réunir le temps long et le temps court", a déclaré Jean-Louis Bal, président du Ser.
La biomasse et l'hydroélectricité en bonne voie
Pour le "temps long" le syndicat garde en ligne de mire les objectifs de développement fixés lors du Grenelle d'ici 2020 : 19,7 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) de chaleur renouvelable contre 9,6 Mtep en 2005, 12,4 Mtep d'électricité renouvelable (5,6 Mtep en 2005) et 4 Mtep de agrocarburants (0,7 Mtep en 2005).
Avec une situation fin 2012 estimée à 11,7 Mtep pour un objectif 2012 de 12,7 Mtep, la filière chaleur renouvelable est en bonne voie : "le fonds chaleur donne toute satisfaction", estime Jean-Louis Bal. Le représentant de la filière biomasse au Ser, Cyril Le Picard, estime néanmoins qu'il serait nécessaire d'en augmenter le budget à 500 millions d'euros par an contre 220 M€ pour 2013. Mais l'urgence reste à ses yeux la "mobilisation du bois énergie". Pour Cyril Le Picard il est grand temps de solliciter les 3,5 millions de propriétaires forestiers français : "il faut qu'ils coupent pour le bois énergie et qu'ils replantent", estime-t-il, au risque de manquer de ressource d'ici 50 ans.
Côté électricité renouvelable, les tendances observées pour la biomasse et l'hydroélectricité sont encourageantes : 0,5 Mtep d'électricité ont été produites à partir de biomasse en 2012 soit l'objectif intermédiaire prévu. Prochaine étape, 2020, avec 1,2 Mtep attendues. De même pour l'hydroélectricité : 5,5 Mtep produites en 2012 pour un objectif de 5,3 et 5,8 attendues en 2020. Si le Ser semble confiant, les petits producteurs d'hydroélectricité le sont moins : ils craignent notamment le classement des rivières en cours dans les bassins hydrographiques français. Classement qui interdirait le développement de l'hydroélectricité.
Des appels d'offres pour relancer les filières
16 GW d'éolien d'ici 2020 selon Xerfi
Dans son étude intitulée "Le marché français de l'éolien à l'horizon 2020" le cabinet de prospective Xerfi estime que le parc éolien français devrait atteindre 16 GW d'ici 2020. Le cabinet mise sur la simplification partielle de la réglementation, la mise en service des parcs offshore en 2016-2017 et la fixation d'un nouveau tarif d'achat validé par Bruxelles pour justifier son scénario. Encore faudra-t-il que le gouvernement notifie dès aujourd'hui un nouvel arrêté tarifaire à la Commission européenne comme le demande France Energie Eolienne. "Cette solution rassurerait incontestablement la filière et les investisseurs en débloquant le financement bancaire", explique Xerfi. La ministre de l'Ecologie Delphine Batho a annoncé que le gouvernement avait d'ores et déjà initié des discussions avec la Commission.
Les chiffres avancés par le Ser pour l'éolien offshore confirment le retard pris par cette filière. 2.000 MW issus du 1er appel d'offres devraient être mis en service à partir de 2016, 1.000 MW supplémentaires issus du second appel d'offres viendraient s'y ajouter quelques années après. Selon Yvon André du Ser, le gouvernement leur a promis un 3e appel d'offres pour fin 2013 début 2014. Permettra-t-il d'atteindre l'objectif de 6.000 MW prévu par le Grenelle ?
Du côté du photovoltaïque en revanche, l'atteinte des objectifs est une évidence : "les prévisions [de 5.400 MW d'ici 2020] sont fort timides. Nous misons sur un parc de 20.000 MW à cet horizon", prévient Arnaud Mine président de la branche solaire du Ser. Il n'en reste pas moins que, selon lui, les mesures d'urgence prises par le Gouvernement "ne sont pas à la hauteur des besoins de la filière" et certains détails administratifs et réglementaires retardent l'atteinte de la parité réseau. L'industriel se satisfait toutefois du lancement d'un nouvel appel d'offres dans les mois à venir et attend avec impatience les résultats des derniers appels d'offres qui pourraient être dévoilés fin février.