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Une consommation d'électricité en hausse
Si la Martinique a une consommation d'énergie finale de 1,25 tonne équivalent pétrole (Tep) par habitant et par an, inférieure à la moyenne métropolitaine, la structure du parc de production d'électricité rend cette consommation très émettrice de gaz à effet de serre. Comme la production est à 97 % d'origine fossile, le contenu en CO2 d'un kWh électrique est donc dix fois plus important qu'en métropole ! Ainsi, le niveau des émissions de gaz à effet de serre par habitant (5.3 tCO2/hab annuellement tous secteurs confondus) se rapproche de la moyenne française.
Malgré une légère diminution de la consommation d'énergie finale (512.628 Tep en 2007 contre 519.526 en 2005), notamment issue de produits pétroliers (367.225 Tep en 2007 contre 376.717 en 2005), la consommation d'électricité augmente (118.454 Tep en 2007 contre 113.677 Tep en 2005), fortement poussée par le secteur du bâtiment.
Si le secteur des transports reste le principal consommateur d'énergie (51 %), la part de la consommation d'énergie dans le secteur de l'habitat et dans le secteur tertiaire augmente (respectivement de 3.7% et 5.5% entre 1999 et 2005). Augmentation du nombre de logements et des surfaces tertiaires, augmentation des usages (climatisation, eau chaude électrique…) sont à l'origine de cette hausse de la demande. La hausse de la consommation électrique est également caractérisée par une hausse nette des phénomènes de pointe.
Une production dominée par les énergies fossiles
La Martinique dispose d'un parc productif vieillissant, dont le déclassement progressif prévu à 2012 nécessitera un renouvellement et une hausse de la capacité de production. La production d'électricité repose aujourd'hui principalement sur des centrales thermiques et des turbines à combustion (pour les périodes de pointe). Les ENR contribuent à seulement 2 % de la production d'électricité, et encore essentiellement grâce à l'usine d'incinération des ordures ménagères. Le développement de l'éolien est récent et encore limité.
En 2007, les énergies renouvelables ont permis de produire 18.158 Tep contre 16.992 en 2005. La production d'énergie d'origine hydraulique était de 5 Tep, la production d'origine éolienne était de 125 Tep (contre 86 en 2005), le solaire photovoltaïque produisait 931 Tep (contre 710 en 2005), le solaire thermique 2.088 Tep (contre 2.197 en 2005), les autres énergies renouvelables (bagasse, UIOM) ont produit 18.158 Tep (contre 16.992 en 2005).
Un potentiel en énergies renouvelables contrasté
Si le potentiel éolien semble a priori important, il est limité par une densité de puissance plus faible qu'en métropole (40 % de moins environ). De plus, la densité de l'habitat sur la côte est très importante, ce qui réduit notablement la zone de prospection, les terrains sont très morcelés (beaucoup de parcelles pour une zone) et les meilleurs espaces (gisement supérieur à 7,5 m/s, très proche de la côte, sans habitat, superficie importante) sont à forte protection environnementale imposée par le Schéma d'aménagement régional. Le potentiel éolien martiniquais est donc limité à une zone située sur les hauteurs de Basse-Pointe pour une trentaine de MW.
La Martinique bénéficie par contre d'un gisement solaire important (moyenne de 5kWh/m²/jour) et relativement constant dans l'année. Ce potentiel permettrait d'électrifier des habitations par énergie solaire de manière autonome toute l'année mais aussi d'obtenir une production annuelle d'électricité solaire sur le réseau importante, sans grandes variations. Par contre, la demande d'eau chaude n'est pas générale (température ambiante de l'eau du robinet à 25°C), le développement de chauffe-eau solaire semble limité.
Des forages réalisés pour évaluer le potentiel géothermique du territoire ont révélé seulement 2 zones présentant des indices élevés de présence de sources à haute température, soit plus de 200°C et a priori exploitables. Mais ce potentiel géothermique reste à confirmer.
Enfin, la faible quantité de bagasse sur l'île semble limiter la production électrique à partir de biomasse.
La maîtrise de l'énergie : une priorité
Selon des études prospectives, la population atteindra 432.000 habitants en 2020 avec une parcellisation plus forte des foyers (2,25 personnes par ménage contre 2,7 en 2005). Le taux d'équipement des ménages devrait augmenter : +42 % pour la climatisation contre 19 % en 2005 et +73 % pour l'eau chaude sanitaire contre 50 %.
Le projet de Plan climat énergie de la Martinique a établi deux scénarios de consommations, l'un tendanciel, l'autre volontariste. Le premier évalue la consommation d'énergie à 7.300 GWh en 2025 (+26 % par rapport à 2005), le second à 5.400 GWh (-9 % en vingt ans). Les consommations d'électricité seraient respectivement de 2.300 GWh en 2025 (+75 %) et 1.470 GWh (+13 %).
EDF, qui assure une mission de service public mais est aussi le principal producteur de la région, a établi un scénario ''maîtrise de l'énergie renforcé'', basé sur une économie d'énergies de 15 % en 2020 dans le résidentiel comme dans le secteur productif. En puissance, cela permettrait d'éviter une quarantaine de mégawatts à la pointe.
Dans le résidentiel, il s'agirait d'opter pour des équipements performants (classe A, A+, A++ pour l'électroménager, lampes basse consommation, remplacement des chauffe eau électriques par des installations solaires…). L'équipement en climatisation doit être freiné par la rénovation des logements (isolation) ou des constructions performantes.
Dans le tertiaire et l'industrie, il s'agirait d'accroître l'efficacité des équipements (luminaires, détecteurs de présence, gestionnaires d'intermittence, climatisation…), de promouvoir l'isolation, les solutions centralisées performantes et les contrats de maintenance, et l'efficacité du froid (+15 %) grâce aux systèmes de limitation des pertes (rideaux, isolation, dégivrage performant). Enfin, l'électricité doit être utilisée de manière rationnelle en limitant ses usages thermiques dans l'industrie.