Mais les loisirs et périodes de congés sont aussi propices à des pratiques plus polluantes que celles adoptées dans la vie au quotidien. Une étude de l'Institut français de l'environnement (IFEN) publiée en août 2007 montrait que les déplacements des Français en voitures liés aux week-ends et aux vacances représentaient 16% des émissions annuelles de CO2 des véhicules particuliers sur le territoire national.
La part du tourisme dans la mobilité des Français
Le 22 février 2008, la Direction des Etudes économiques et de l'Evaluation environnementale (D4E) du Ministère de l'écologie a, de son côté, publié les premiers résultats d'une étude qui analyse l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues aux déplacements touristiques des Français durant l'année 2006. Cette étude s'inscrit dans le cadre du programme ''Gestion et Impacts du Changement climatique'' de la D4E.
Selon la Direction des Etudes économiques et de l'Evaluation environnementale, les déplacements effectués par les touristes français entre leur lieu de résidence et leur lieu de villégiature ont représenté 6% des émissions de GES françaises en 2006, transport international inclus. 3% si l'on ne prend en compte que les critères actuels du protocole de Kyoto (hors tourisme des Français à l'étranger), souligne la D4E. La Direction ajoute que cette part s'élèverait à 8% si l'on ajoutait aux déplacements d'agréments le tourisme d'affaires. Rappelons que la part des émissions de GES dues aux transports dans l'ensemble des émissions nationales est aujourd'hui de 26,5%.
L'étude montre aussi que les déplacements les plus producteurs de GES sont concentrés sur une minorité de touristes. Ainsi, 5% de la population française ont contribué à eux seuls, par leurs déplacements vers les lieux de vacances, à la moitié des émissions dues aux déplacements touristiques. 10% ont émis presque les deux tiers des GES. En d'autres termes, un peu plus de trois millions de résidents français ont participé à l'émission de 15 millions de tonnes de GES par leurs séjours personnels. Autant que les 60 millions de résidents restants (non partants compris), remarque la D4E.
Le volume d'émission est associé au mode de transport utilisé et la distance parcourue durant les séjours. L'étude indique qu'en 2006, 62% des émissions étaient dues au transport aérien. Les déplacements touristiques utilisant l'avion ont produit 18,5 millions de tonnes de GES tandis que ceux liés à la voiture sont à l'origine d'une dizaine de millions de tonnes d'émission, soit 36% des émissions totales. Rappelons que le secteur aérien est responsable de 2 à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Le tourisme à destination de la ''France métropolitaine'' a représenté, tous modes de transport confondus, 10,7 millions de tonnes de GES, soit 36% des émissions dues aux déplacements touristiques des résidents. Les séjours à destination de l'Europe et du Maghreb ont participé à hauteur de 6 millions de tonnes, soit 21%. Quant aux destinations notamment vers l'Amérique (Etats-Unis, Mexique, Brésil…) et l'Asie (Chine..), celles-ci ont été à l'origine de 43% des émissions du tourisme, avec environ 13 millions de tonnes de GES.
Les émissions de GES provoquées par les installations d'hébergement et les pratiques sportives
Par ailleurs, d'après l'étude, on note une corrélation logique entre les émissions liées aux transports et les hébergements. Ainsi, les touristes séjournant dans des hôtels haut de gamme (trois étoiles et plus) ou dans des clubs de vacances sont ceux dont le déplacement est le plus producteur de GES, souligne la D4E. A eux seuls, ils ont contribué à hauteur de 36% aux émissions totales dues aux déplacements touristiques. C'est une conséquence de la prédominance des séjours à l'étranger dans les émissions, ajoute la Direction. A l'inverse, les séjours familiaux sont associés à des déplacements économiques en carbone. Par type d'hébergement et par séjour, les touristes qui ont résidé dans leurs familles, chez leurs amis ou dans leur résidence secondaire, ont produit moins de 100 kg par séjour par leurs déplacements respectifs, avec cependant une plus grande fréquence pour ces derniers, observe l'étude.
Aussi, certaines activités sportives pratiquées durant les séjours touristiques de type plongée sous-marine, voile ou surf sont les plus productrices de GES. La visite de site naturel (en quatrième position parmi les activités liées aux déplacements les plus émetteurs) a en 2006 produit en moyenne 457 kg de GES par séjour, soit près de trois fois plus que la production de la moyenne des séjours. A l'inverse, les activités liées à la neige sont parmi celles qui ont entraîné les déplacements les moins émetteurs de GES (utilisation du TGV, destination en France….).
Vers un tourisme durable…
Rappelons que la Deuxième Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme, organisée par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) à Davos (Suisse), s'était achevée le 3 octobre dernier sur une Déclaration finale qui engage le secteur du tourisme à réagir rapidement à la modification du climat s'il veut connaître une croissance durable. D'après une étude de l'OMT, du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) présentée à l'occasion de cette conférence, les émissions de gaz carbonique des transports du secteur, des établissements d'hébergement et d'autres activités touristiques représenteraient entre 4 et 6 % du total de ces émissions. La croissance continue du secteur touristique, s'il n'est pas pris de mesures d'atténuation, pourrait entraîner une augmentation de 150% de ses émissions de CO2 au cours des trente prochaines années, avait prévenu le rapport.
En France, la secrétaire d'état à l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet avait appelé en août dernier à valoriser des vacances et des loisirs à faible empreinte écologique à travers l'écotourisme et le tourisme durable. Des tours opérateurs (Voyageurs du monde) , des sites de vacances tels que la station des Gets tendent de plus en plus vers une offre de tourisme ''responsable'' tentant d'allier à la fois le respect de l'environnement, de la population et la culture locale et une demande croissante de la clientèle. Alors que la 63e assemblée générale annuelle de l'association internationale du transport aérien (IATA) avait défini en juin dernier l'environnement comme ''principal défi'', des voyagistes tels qu'Air France, Air Canada commencent à proposer à leurs clients un service de compensations carbone liées à leurs trajets, en versant des dons à des associations environnementales. Enfin, depuis septembre 2005, la Commission européenne travaille à l'intégration des exploitants d'aéronefs dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre de l'UE.