Cette étude pointe les risques et les conséquences économiques de l'expansion de ces cultures OGM sur les filières de production sans OGM. Car au-delà des risques environnementaux ou sanitaires, souligne Greenpeace, l'existence de produits agricoles OGM sur le marché français, à l'importation ou à la culture, a un coût sur les filières agricoles sans OGM : coûts de séparation, de contrôle, d'approvisionnement, explique-t-elle. L'organisation écologiste rappelle qu'à l'époque à laquelle le MON 810 était autorisé, la croissance des surfaces cultivées du maïs transgénique avait été très rapide, passant de 500 hectares en 2005 à 22.000 ha en 2007.
Aussi, d'après l'étude du CREG, les cultures ayant des cahiers des charges stricts sur les OGM (avec un seuil de présence toléré inférieur à 0,1%) sont amenées à disparaître dans les zones de cultures de maïs GM et celles ayant un seuil de présence fortuite (accepté jusqu'à 0,9%) pourraient survivre, avec de nouvelles et coûteuses contraintes.
Le centre de recherche souligne que ces différents coûts sont dépendants de très nombreux facteurs : part de cultures GM dans la zone considérée, taille des champs non GM, conditions climatiques, structure du parcellaire, utilisation et partage du matériel agricole, etc. Il évoque une fourchette relativement large de 5 à 37 euros par tonne de maïs non GM.
Le CREG indique également que, le marché du maïs devrait se diviser en deux, entre filière OGM et non OGM qui coûterait plus cher. Sans nul doute, un prix plus élevé sera payé aux producteurs de cultures non GM pour les inciter à adopter les mesures coûteuses et contraignantes inhérentes à leur production dans un environnement parsemé d'OGM, souligne l'étude.
Concernant la production de maïs bio, la culture de maïs OGM dans une zone de cultures rend impossible la mise en culture de maïs biologique. Le risque économique de déclassement de la production est également extrêmement fort, par exemple dans le cas de productions d'origine contrôlée ou certifiée.
Selon le CREG, les entreprises des filières non OGM craignent également de disparaître si leurs efforts ne sont pas valorisés, notamment par l'étiquetage. L'étude cite également le cas des filières de poulet ''Label Rouge'', qui devrait pouvoir garantir une alimentation sans OGM à leurs volailles. Ce choix n'est pas inscrit dans le cahier des charges des organismes de production et ils ne peuvent pas communiquer dessus car il leur est impossible de garantir une production 100% sans OGM, précise le CREG. Dans le cas où du maïs OGM serait de nouveau cultivé en France, le CREG estime que le surcoût induit pour les producteurs recourant à du maïs non OGM pourrait atteindre 4 à 15 centimes par kilo de poulet.
Cette étude prouve pour la première fois que certaines filières sont condamnées et que d'autres devront assumer un surcoût important, déclare Arnaud Apoteker. C'est bien le régime du pollué-payeur qui est mis en œuvre aux profits des industriels de l'agrochimie !, ajoute-t-il. Si Greenpeace appelle à maintenir la suspension de la culture du maïs MON 810 de Monsanto, l'organisation demande également à ce que la valorisation par l'étiquetage des produits issus des filières animales sans OGM puisse permettre de renforcer ces filières et de ralentir l'expansion des OGM dans le monde.
L'UE estime injustifié l'embargo français sur le MON 810
La publication des résultats de l'étude intervient alors que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime que la clause de sauvegarde française sur le maïs génétiquement modifié MON 810 n'est pas justifiée. Aucune preuve scientifique, en termes de risques pour la santé humaine ou animale ou pour l'environnement, n'a été fournie pour justifier l'invocation d'une clause de sauvegarde, précise l'EFSA dans son avis rendu public le 31 octobre.
La Commission européenne doit désormais étudier la réponse de l'EFSA. En dépit des doutes sérieux existant sur les OGM sur la compétence de l'EFSA, elle continue de faire comme elle a toujours fait en méconnaissance totale de cause : donner des avis positifs sur tous les OGM !, s'indigne Arnaud Apoteker qui craint un passage en force du MON 810 en France.