En Californie, les scientifiques du National Ignition Facility (NIF) ont franchi une étape importante dans les recherches sur la fusion nucléaire. Le 8 août dernier, les chercheurs américains ont réussi à approcher le seuil d'ignition, la limite à partir de laquelle l'énergie produite par la fusion nucléaire dépasse l'énergie nécessaire pour provoquer la réaction. « C'est un peu le graal après lequel les scientifiques courent depuis longtemps », explique avec enthousiasme Daniel Vanderhaegen, chercheur au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
Depuis quelques années, la France, les États-Unis, la Chine et la Russie tentent de se rapprocher du seuil d'ignition mais « les Américains ont fait un bon très important depuis le mois de février », ajoute le chercheur. En effet, ils ont réussi à récupérer 70 % de l'énergie qu'ils avaient dépensée pour déclencher la réaction. Une « avancée historique » selon le laboratoire public américain.
Pour ce faire, les scientifiques ont dû rapprocher deux atomes d'hydrogène, une opération compliquée car leurs noyaux se repoussent naturellement. Les pressions et températures nécessaires pour forcer ce rapprochement sont donc particulièrement hautes et cela a nécessité la concentration de 192 lasers sur une « petite boîte en métal percée de deux trous » de la taille d'un plomb de chasse. « Les lasers vont venir taper sur cette petite cible qui contient les isotopes », explique M. Vanderhaegen. Ce qui produit un point chaud du diamètre d'un cheveu humain, d'après les informations communiquées par le NIF. « L'énergie produite par les lasers se transforme alors en énergie de pression et de température, ce qui va déclencher une réaction de fusion », reprend le chercheur du CEA. Ainsi, la réaction a pu générer « plus de dix quadrillons de watts en trilliardiemme de seconde », précise le communiqué.
Ce qui ne représente pas plus que « l'énergie produite par UNE seule éolienne de 3 MW en moins d'une demi-seconde », comme le fait remarquer sur les réseaux sociaux Thierry Salomon, énergéticien et co-auteur du manifeste et scénario NégaWatt. "C'est vrai ! ", s'exclame Daniel Vanderhaegen. Pour faire fonctionner une centrale nucléaire avec cette méthode, il faudrait arriver à refaire cette expérience une fois tous les dixièmes de seconde". Cependant, l'expérience est très encourageante, surtout pour la France qui possède une structure semblable au NIF, le Mégajoule, installée près de Bordeaux. Les deux laboratoires sont en contact régulier. En France, la Défense finance le projet, étant donné que la fusion nucléaire peut servir à des fins militaires, les ambitions énergétiques étant placées dans le projet Iter.