Lundi 19 mars 2012, à l'occasion d'un déplacement au siège parisien de la DCNS, le ministre de l'Energie, Eric Besson, a présenté les grandes lignes du développement de l'énergie hydrolienne en France. L'objectif affiché est de "faire émerger une deuxième filière industrielle française des énergies marines renouvelables, avec les hydroliennes sous-marines". La première étant, selon le ministre, l'éolien offshore qui a fait l'objet d'un appel d'offre d'une puissance de 3.000 mégawatts (MW).
Pour cela, un appel d'offres commercial du type de l'éolien offshore, devrait être lancé "avant deux ans", a annoncé le ministre.
Préparer l'appel d'offre
Le plan du gouvernement prévoit deux études en amont de l'appel d'offres. Le ministère de l'Energie publiera tout d'abord une demande d'information en vue d'exploiter le potentiel français du Raz Blanchard. Cette zone, située à la pointe nord-ouest du Cotentin, "constitue en Manche le deuxième gisement hydrolien d'Europe", avance le ministère. L'objectif est de permettre aux futurs candidats de proposer des solutions techniques et des schémas financiers. Parallèlement, les services de l'Etat devraient lancer une concertation "avec l'ensemble des acteurs" afin de définir les zones possibles d'installation des hydroliennes. La demande d'information devrait être formulée "d'ici la fin avril" pour des résultats attendus "avant fin 2012".
Par ailleurs, le Réseau de transport d'électricité (RTE) devra préciser "d'ici la fin de l'année" les conditions dans lesquelles les champs d'hydroliennes du Raz Blanchard pourront être raccordés au réseau électrique. "Cette mission tiendra compte de l'accord en vue de développer une interconnexion sous-marine entre l'Angleterre, l'île anglo-normande d'Alderney et la France, signé le 17 février à Paris, à l'occasion du sommet franco-britannique", précise le ministère, rappelant que l'accord vise spécifiquement une éventuelle production électrique à partir des courants marins du Raz Blanchard.
Exporter des hydroliennes
Le plan annoncé par Eric Besson vise avant tout à ne pas réitérer l'erreur commise dans le développement de l'éolien offshore : bien que la France soit avantagée par une côte de 3.500 km répartis sur quatre façades maritimes et offrant le deuxième potentiel éolien européen, elle est aujourd'hui dépassée par ses concurrents. Si l'appel d'offre offshore permet de rattraper une partie du retard, notamment en matière d'assemblage, il devrait être très difficile de développer les activités de conception et de fabrication des aérogénérateurs. Une étude présentée par PricewaterhouseCoopers (PwC) en décembre 2010 estimait que "la plupart des fabricants de turbines n'envisagent pas d'implantations d'usines en France à court et moyen termes", l'importation de certains éléments clés étant possibles.
Cette fois-ci la France compte prendre de vitesse ses concurrents potentiels. "Une course contre la montre est engagée alors que de grands appels d'offres vont être lancés dans les prochaines années en Ecosse : il faut être les premiers pour que la base industrielle européenne soit en France", a expliqué le ministre, rapporte l'AFP. Or, la première hydrolienne commerciale, d'une puissance de 1,2 MW a été implantée en Irlande du Nord en avril 2008 et d'autres projets se développent en France et au Royaume-Uni. Ces deux pays rassemblent quelque 80 % du potentiel européen.
DCNS se jette à l'eau
Selon le Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), "la France (…) n'est pas en retard et garde toutes ses chances pour les étapes futures des énergies marines renouvelables", dont les hydroliennes, car "personne n'est encore parti véritablement pour ces nouvelles technologies et nous sommes tous sur la ligne de départ".
Dans ce contexte, les groupes français, et en particulier DCNS qui a racheté 11% du capital d'OpenHydro, un spécialiste des hydroliennes, semble bien placé. Encouragé par des premiers résultats concluants, le rendement des hydroliennes immergées en Côtes d'Armor au large de Paimpol et de l'île de Bréhat serait supérieur de 15% aux attentes, DCNS a annoncé la semaine dernière l'implantation en 2014 d'une unité de production d'hydroliennes basée à Cherbourg (Manche). Objectif visé : produire une centaine d'hydroliennes par an à partir de 2018.
Par ailleurs, les projets d'hydroliennes Orca et Sabella D10 bénéficient d'un soutien financier de l'Etat. L'entreprise Sabella, après avoir testé son hydrolienne D10 à l'embouchure de l'Odet en 2008, escompte en installer cette année à proximité de l'Ile d'Ouessant.