Aussitôt sa liberté de parole retrouvée, Delphine Batho a jeté un pavé dans la mare. Selon l'ex-ministre, son éviction du gouvernement serait le fait de "certaines forces économiques" qui souhaitaient la mettre à l'écart en raison de ses positions sur le gaz de schiste et sa volonté de réduire la part du nucléaire en France. "Que le patron de Vallourec dise que je suis un désastre parce que je fais rempart au gaz de schiste et que je veux réduire la part du nucléaire, c'est une chose, qu'il annonce ma mise à l'écart à l'avance, c'en est une autre. De quelle information disposait-il pour être si sur de lui ?" a-t-elle déclaré (voir vidéo). Pour autant, elle estime que son successeur ne sera pas en mesure d'ouvrir la voie à la fracturation hydraulique car cela reviendrait à contredire la volonté des français.
Si l'ancienne ministre a exprimé son mécontentement à l'égard du budget alloué à son ministère c'est parce qu'elle a jugé qu'il marquait un "tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique". Delphine Batho a ainsi fait trois demandes précises : "que le budget de l'Ademe ne soit pas amputé de 80 millions d'euros, que la moitié des investissements d'avenir soit consacrée à la transition énergétique et enfin que la fiscalité verte serve à financer l'écologie et ne soit pas synonyme d'un nouvel impôt de l'austérité qui frapperait les plus modestes". Mais selon Delphine Batho, l'ère de la collégialité au sein du gouvernement s'est terminée. Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault aurait décidé cette année de "changer de méthode" en faisant les arbitrages sans discussion directe avec les ministres concernés.
Delphine Batho travaillera avec la Fondation Nicolas Hulot
L'ex-ministre de l'environnement est revenue sur son parcours politique pendant lequel "elle n'a jamais été prise à défaut de loyauté envers son camp". Même en charge récemment de dossiers aussi délicats que le nucléaire et le prix de l'énergie, elle estime n'avoir jamais commis le moindre couac.
Son engagement politique et pour l'écologie va se poursuivre. "J'apporterai mon aide et mon expérience à la fondation Nicolas Hulot" a-t-elle affirmé. Interrogée sur la possibilité de rejoindre Europe-Ecologie-Les Verts, Delphine Batho a déclaré qu'elle ne savait pas encore ce que l'avenir lui réservait.
Enfin, l'ex-ministre n'a pas souhaité s'exprimer sur la promesse de campagne du président Hollande de fermer la centrale de Fessenheim en 2016, estimant toutefois qu'il s'agissait d'un sujet crucial.