Le bilan énergétique de la France en 2011 (1) , publié le 19 juillet par le Commissariat général au développement durable (CGDD), devrait, si besoin est, éclairer les débats sur la conférence nationale sur l'énergie, qui sera organisée à l'automne. Car malgré une consommation stable et une année plutôt clémente côté climat, la facture énergétique s'est envolée, pour atteindre un niveau record.
88 % du déficit commercial de la France
Avec la forte hausse des prix des matières premières, la facture énergétique de la France s'est envolée en 2011 pour atteindre 61,4 milliards d'euros (Md€), dont 50 Mds€ pour le pétrole. La facture française "s'alourdit de près d'un tiers et cumule 88 % du déficit commercial de la France. Elle représente ainsi 3,1 % du PIB, contre seulement 1 % dans les années 1990", note le CGDD. "Un tel poids dans le commerce extérieur ne s'était pas vu depuis le deuxième choc pétrolier, dans les années 1980".
Pourtant, grâce à une année au climat particulièrement clément (année la plus chaude depuis 1900), les besoins en énergie pour le chauffage ont été bien inférieurs à la moyenne : "En termes de consommation, ce sont 6,6 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) qui auraient été économisés en raison du climat plus chaud que la période de référence".
Corrigée des variations climatiques, la consommation totale d'énergie primaire augmente légèrement (+ 0,8 %). Elle a atteint 266 Mtep et reste en deçà des niveaux de l'avant-crise (entre 270 et 275 Mtep).
Les objectifs en termes d'EnR à la traîne
"Le mix énergétique primaire de la France, plutôt stable depuis le milieu des années 2000, repose pour moitié sur des énergies fossiles importées : le pétrole (31 %), le gaz (15 %) et le charbon (3,7 %)".
Les énergies renouvelables accusent un retard par rapport aux objectifs fixés par la directive européenne EnR (23 % de la part de la consommation finale en 2020). La France, dans son plan d'action national, misait sur une hausse des énergies renouvelables de 6 Mtep entre 2005 (année de référence de la directive) et 2011, pour atteindre 22 Mtep. Mais "entre 2005 et 2011, la consommation supplémentaire s'est élevée à 4,6 Mtep soit un manque de 1,4 Mtep par rapport à l'objectif attendu. Ce constat concerne à la fois les composantes électrique et thermique".
Les conditions climatiques et hydrologiques ont entraîné un retard de production éolienne, hydraulique et géothermique. De ce fait, l'objectif pour "la production d'électricité renouvelable n'est pas tout à fait atteint (96 % soit un manque de 0,3 Mtep)". La production d'électricité est assurée à 79 % par le nucléaire.
Les EnR thermiques sont également à la traîne : "Elles atteignent leur objectif à hauteur de 91 % (soit un manque de plus de 1 Mtep), principalement du fait de la faiblesse de la consommation de bois-énergie". En revanche, "les biocarburants suivent la trajectoire indiquée".
La France a pour l'heure réalisé 57 % de ses objectifs 2020. "Les efforts à réaliser devront donc se poursuivre sur toutes les filières électriques et thermiques mais les enjeux les plus importants reposent plus particulièrement sur le développement de l'éolien (+ 3,9 Mtep d'ici 2020) et du bois-énergie (+ 6,7 Mtep), notamment dans les secteurs du collectif/tertiaire et de l'industrie".
L'intensité énergétique poursuit sa baisse
En 2011, la baisse de l'intensité énergétique était de 1,6 %. Depuis 2005, la baisse annuelle moyenne est de 1,3 %. "Ces résultats sont bons même s'ils ne sont pas encore au niveau de l'objectif inscrit dans la loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique. Cette loi « Pope » prévoit en effet une réduction de 2 % par an de l'intensité énergétique finale d'ici à 2015, puis de 2,5 % par an d'ici à 2030. Cela signifie qu'il faudrait chaque année diminuer de 2 % la consommation d'énergie nécessaire pour produire une unité de PIB". Après une baisse de 4,2 % en deux ans (2006 et 2007), la crise a freiné les progrès : "En période de crise, les usines ne tournent pas à plein régime, ce qui détériore les rendements", explique le CGDD. Mais "avec la reprise en 2010, l'intensité énergétique diminue à nouveau de façon nette".