Dans le secteur des transports, la directive fixe un objectif spécifique de 10 % d'énergies renouvelables d'ici 2020. Pour l'atteindre, la France mise sur ''une utilisation accrue'' et ''une contribution importante'' d'agrocarburants ainsi que ''la mise en service de véhicules électriques''. L'introduction progressive d'agrocarburants dans les carburants conventionnels sera ''la source principale d'énergie renouvelables jusqu'en 2012''. Les agrocarburants de seconde génération issus de déchets et résidus seront disponibles ''à partir du milieu des années 2010'' tandis que ceux de seconde génération ligno-cellulosiques arriveront sur le marché à partir de 2017, conformément à la directive sur les EnR qui fixe des critères de durabilité sur les agrocarburants. Le plan précise toutefois que ''les biocarburants utilisés resteraient en très grande majorité de première génération'' (biodiesel et le bioethanol).
La France table ainsi sur un objectif de 4.062 ktep d'EnR dans les transports d'ici 2020, dont 2.850 ktep de biodiesel et 650 ktep de bioéthanol/bio-ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther). 110 ktep devraient également être issus des véhicules électriques (sur les 402 ktep de l'électricité provenant de sources renouvelables) et 160 ktep des huiles végétales ou du biogaz.
De la durabilité de la 1ère génération d'agrocarburants
Mais les quatre ONG - le Réseau Action Climat (RAC), Greenpeace, les Amis de la Terre et Peuples Solidaires – ont de nouveau dénoncé le 6 septembre dans un communiqué cet objectif de 10% ''atteint presque exclusivement via des agrocarburants de 1ère génération, faisant fi des risques environnementaux, sociaux et alimentaires déjà bien connus''. Selon le Réseau Action Climat (RAC-F), le ministère du développement durable aurait proposé avant l'arbitrage interministériel, de plafonner ''le taux d'incorporation à 7% d'agrocarburants en 2020 (atteint en 2010 par la France, ndlr) en attendant que la 2e génération soit disponible''. Or, le plan propose ''finalement d'aller jusqu'à 10% avec une 2e génération d'agrocarburants très peu développée à partir de 2012. Les intérêts agricoles et industriels ont donc, une fois de plus, eu le dernier mot !'', estiment les ONG.
Pour Diane Vandaele du RAC-F, les données du PAN ''montrent que la quasi-totalité de la production française de colza servira à satisfaire les besoins en biodiesel en 2020 (…) Cela entraînera des importations de pays tiers pour satisfaire la demande alimentaire, avec le risque d'augmenter la déforestation et les émissions de CO2''. Selon le plan, la France devrait en effet importer 400 ktep de biodiesel et 50 ktep de bioethanol en 2020…
Les ONG déplorent également que le plan n'ait pas pris en compte le changement d'affectation des sols indirect (CASI) alors qu'une étude publiée en avril par l'Ademe ''montre que la prise en compte de ce facteur double les émissions de gaz à effet de serre des agrocarburants français vis-à-vis du gasoil ou de l'essence remplacés''. La Commission européenne doit arrêter ''une méthodologie'' sur le CASI ''à la fin de l'année'', a indiqué Jérôme Frignet, chargé de campagne forêt chez Greenpeace, qui doit, selon lui, ''permettre la mise en place d'actions réellement efficaces pour lutter contre la déforestation et (…) nécessairement se traduire par une révision à la baisse de l'objectif agrocarburant français''.