La semaine dernière l'opérateur de la centrale de Fukushima Daiichi, Tepco, annonçait que les températures des quatre piscines de stockage du combustible usé sont stabilisées à des niveaux satisfaisants. Les températures des trois réacteurs endommagés restent quant à elles trop élevées et Tepco tente toujours de les abaisser en modulant les volumes d'eau injectés. Une situation en ligne avec le plan de stabilisation présenté en avril par l'opérateur.
Les volumes d'eau radioactive ne diminuent pas
Cependant, des problèmes techniques posés par l'usine de décontamination de l'eau hautement radioactive entretiennent l'incertitude sur l'évacuation de l'eau accumulée dans les installations. L'usine construite par Areva et l'américain Kurion est l'objet de multiples pannes qui ralentissent sensiblement l'avancée des opérations. En cause, l'élimination des grandes quantités de césium radioactif qui constitue un point faible à l'origine de fuites d'eau et de dysfonctionnements des pompes.
Au 9 août, 42.000 m3 d'eau ont été retraités mais il restait encore environ 120.000 m3 à traiter, un volume en légère hausse par rapport au 110.000 m3 annoncés mi-juin lors de la mise en route de l'unité de traitement.
Or il s'agit d'un élément clé car d'une part l'eau radioactive interdit l'accès à certaines zones et d'autre part, la réinjection de l'eau retraitée permet d'établir un circuit fermé sensé limiter la dispersion des rejets radioactifs. "Il est possible que la décontamination ne soit pas achevée d'ici la fin de l'année, comme le prévoit notre plan, et que cela affecte le processus d'arrêt à froid" a confirmé un porte-parole de Tepco à l'agence de presse Reuters, ajoutant que "cependant nous n'avons pas encore décidé de repousser notre objectif".
Afin de tenir le délai annoncé en avril, Tepco teste depuis la semaine dernière un autre système de décontamination destiné à extraire le césium. La simplicité du système fourni par Toshiba devrait limiter les pannes, mais, dès sa mise en marche, l'accumulation de césium dans certaines parties de l'équipement empêchait sa maintenance entraînant un arrêt imprévu.
Des zones interdites pour des décennies
De plus, les conséquences de la catastrophe devraient s'étaler sur plusieurs décennies. En premier lieu, les médias japonais rapportent que certaines zones contaminées devraient rester interdites "pendant plusieurs décennies". Il s'agit en particulier de la zone de trois kilomètres autour de la centrale, qui pourraient servir au stockage des déchets radioactifs générés par la catastrophe, et notamment les boues issues du traitement de l'eau. En effet, le principe de décontamination se base sur l'usage de filtres ainsi que sur la précipitation des éléments radioactifs et leur concentration par décantation. À l'issue du processus, il reste donc à stocker les éléments radioactifs extraits de l'eau.
Les zones interdites pourraient par ailleurs s'étendre au-delà des trois kilomètres évoqués par la presse nippone puisque des analyses "effectuées par le ministère des Sciences et de la Technologie ont révélé des taux de radioactivité cinq fois supérieurs à la limite légale de 20 millisieverts par an dans 15 des 50 stations d'observation installées à l'intérieur [de la zone de 20 kilomètres évacuée autour de la centrale]" rappelle l'AFP.
Economie d'énergie cet hiver
Les restrictions de consommation électrique devraient elles aussi perdurer. Avec la mise à l'arrêt ce mardi du réacteur 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, opérée par Tepco, se sont maintenant 40 des 54 réacteurs japonais qui sont à l'arrêt. Un niveau de disponibilité qui devrait encore diminuer le 26 août avec la mise à l'arrêt pour maintenance du réacteur 2 de la centrale de Tomari opérée par Hokkaido Electric Power Co.
Dans ce contexte, les opérateurs électriques préparent leurs usagers à des restrictions de consommation durant l'hiver à venir. Ainsi, Kansai Electric, qui fournit en électricité la deuxième métropole japonaise constituée autour d'Osaka, devrait proposer mi-septembre un plan visant à réduire de 15% la consommation de ses clients pendant l'hiver. Une baisse similaire à celle prévue pour l'été. La situation de l'opérateur semble particulièrement précaire puisque trois des quatre réacteurs nucléaires encore en marche (sur un total de onze) doivent être arrêtés pour maintenance d'ici la fin de l'année. Or le deuxième opérateur japonais est aussi le plus dépendant de l'atome puisque ses réacteurs produisent 43% de l'électricité qu'il commercialise.