Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé le 7 janvier qu'il présenterait les grands axes d'une nouvelle version du plan Ecophyto de réduction de l'usage des pesticides, le 30 janvier 2015, suite aux 68 recommandations formulées le 23 décembre dernier par le député PS de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier.
Lancé fin 2008, le plan Ecophyto visait à réduire si possible de moitié l'usage des pesticides en 2018. Alors que l'utilisation des produits phytosanitaires dans les zones agricoles a de nouveau augmenté de 9,2% en 2013 par rapport à 2012, selon le ministère, M. Potier a estimé "qu'il ne fallait pas abandonner le plan au nom de son apparente inefficacité". Dans son rapport, il propose de maintenir "l'objectif grenellien mais en le réalisant en deux temps d'ici 2025", en encourageant de nouvelles pratiques agro-écologiques.
A l'instar des préconisations du parlementaire, Stéphane Le Foll souhaite "amplifier le développement des alternatives" aux produits phytosanitaires via les technologies de bio-contrôle (insectes, substances naturelles…ndlr), prévue par la loi d'avenir agricole d'octobre 2014, et les agro-équipements (pulvérisation de précision, matériels de désherbage recommandés par M. Potier) "permettant une agriculture de précision", selon le ministre.
"Il est désormais établi que leur développement permettrait de diminuer de près de 30% le niveau de pesticides en particulier en viticulture et arboriculture (cultures qui totalisent à elles seules environ 20% de l'utilisation totale de pesticides en France). En termes de résultat attendu, cela équivaut à une conversion en agriculture biologique de plus de la moitié des surfaces céréalières françaises", a souligné M. Le Foll.
Autre mesure préconisée par M. Potier et prise en compte par le ministre : amplifier "la diffusion de bonnes pratiques à travers le réseau de quelque 2.000 fermes pilotes du réseau Dephy", où le recours aux pesticides a baissé de 12% entre 2012 et 2013 via les méthodes alternatives. "Il faut équiper 10 fois plus d'exploitations" en agro-écologie, soit "30.000 fermes", a ajouté le ministre. Elles pourraient "bénéficier d'un conseil certifié" à l'horizon 2025, d'après M. Potier.
M. Le Foll demande également que les recettes supplémentaires issues de la redevance pour pollutions diffuses décidées en octobre 2014 soient affectées "prioritairement aux actions du nouveau plan Ecophyto en vue de servir à la diffusion des bonnes pratiques agricoles". A ce titre, elles bénéficieront notamment aux GIEE (groupements d'intérêt économique et environnemental) créés par la loi d'avenir agricole et actuellement en cours de constitution. M. Potier a appelé à porter la contribution de cette redevance au financement du plan "au minimum à 100 millions d'euros".
Les modalités pratiques des certificats d'économie de produits phytosanitaires (CEPP), prévus par la loi d'avenir agricole, seront en outre présentées le 30 janvier prochain.