Dans une étude parue dans la revue Plos One, les chercheurs de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) démontrent des liens entre inégalités sociales et exposition à la pollution atmosphérique à Paris.
Les zones "les plus polluées" - dont les concentrations annuelles de dioxyde d'azote (NO2) sont supérieures à 55,8 microgrammes par mètre cube - sont observées à proximité des grandes voies de trafic routier le long du périphérique, des quais de la Seine et dans le Nord-Ouest de Paris. Tandis que les habitations hébergeant les personnes les plus défavorisées sont "principalement localisées à l'est et au nord de la ville le long du périphérique".
Les résultats montrent que les résidents des quartiers défavorisés sont "plus vulnérables aux épisodes, même brefs, de pollution atmosphérique". Ainsi, une augmentation de 10 μg/m3 de la concentration de NO2 dans ces quartiers (durant une période de cinq jours maximum) entraînerait un risque de mortalité de 3,14% contre 0,81% pour les habitants des quartiers les plus riches, localisés au centre et à l'ouest de Paris. L'excès de risque de mortalité pour les résidents des quartiers défavorisés est de 4,84%, lorsque les concentrations de NO2 atteignent à long terme des seuils au-dessus de 55,8 μg/m3.
"Nous sommes face à un effet de fragilisation en continu des populations due à la pollution chronique. Les gens ainsi fragilisés sont alors « emportés » par les pics de pollution et les catégories sociales modestes en sont les principales victimes", explique Denis Zmirou-Navier, directeur du département santé-environnement-travail de l'EHESP, co-auteur.
Cette étude contribue aux travaux du projet Equit'area, piloté par l'EHESP qui analyse, via des cartographies (2) , les interactions entre pollution atmosphérique et inégalités sociales, à Paris et sa petite couronne, Lyon, Marseille ainsi que Lille.
La ville de Paris a adopté en février 2015 son plan anti-pollution atmosphérique qui restreint notamment la circulation des véhicules les plus polluants.