Le concept d'agrivoltaïsme mûrit depuis quelques années dans plusieurs endroits du monde, sous différentes formes. Il s'agit d'associer production agricole et production d'électricité à partir de panneaux photovoltaïques. Le modèle le plus développé en France demeure la serre photovoltaïque. Dans ce reportage vidéo, il s'agit d'une installation d'un nouveau genre, en plein champs, avec une structure métallique qui porte les panneaux à 4,5 mètres du sol. Ce qui permet notamment à des engins agricoles de passer dessous.
L'orientation des panneaux varie grâce à des trackers censés suivre le soleil. Or en agrivoltaïsme, c'est la plante qui prévaut, pas la production électrique… Du coup, l'orientation des panneaux va plutôt permettre de créer plus ou moins d'ombre sur des cultures qui souffrent de sécheresse.
Dans les Pyrénées-Orientales, le vent et l'ensoleillement assèchent tellement la terre que même les vignes commencent à être irriguées, alors qu'elles ont besoin de très peu d'eau. "Les vendange sont réalisées de plus en plus tôt, les vignes souffrent, les raisins sont petits", déplore le viticulteur qui s'est engagé dans cette expérience agrivoltaïque.
Un système dynamique permet au panneaux solaires d'être en connexion permanente avec les ceps de vignes pour s'adapter à leurs besoins. Tout un ensemble de capteurs météo associés à un "algorithme très fin" va permettre de gérer, de façon automatique, le passage de la lumière entre les panneaux et créer plus ou moins d'ombre.
En période estivale, les températures montent très haut. Or, à partir d'une certaine température, les panneaux photovoltaïques sont moins performants. Le fait de les surélever va créer un courant d'air qui devrait les rafraîchir et donc améliorer leur rendement.
Autre aspect climatique bien connu dans la région : les orages violents. Grâce à ses capteurs, les panneaux solaires vont se positionner à l'horizontal pour avoir une prise au vent minimum, et éviter d'être arrachés. Ce qui va constituer dans le même temps une sorte de toiture qui devrait protéger les cultures, notamment contre la grêle. De la même façon, le gel pourrait être amoindri.
Alors que le foncier agricole disparaît à grande vitesse, les projets de centrales solaires au sol étaient plutôt mal perçus par les agriculteurs qui voyaient à nouveau des terres disparaître. Là, de nombreux intérêts pourraient changer la donne : éviter une irrigation, diminuer une perte de récolte, augmenter les rendements et améliorer la qualité des cultures… Des promesses qu'il reste néanmoins encore à confirmer sur le terrain.
Cette expérimentation grandeur nature va être suivie de près pendant cinq à dix ans, notamment par des centres de recherche comme l'INRA et l'Irstea. Question rentabilité, la centrale a coûté quatre millions d'euros, mais comme elle n'est pas optimisée pour produire de l'électricité, là aussi, un retour d'expérience est nécessaire pour évaluer le temps de retour sur investissement.