Le Centre commun de recherche européen (JRC) a recensé, sur la période 2007-2015, 320 programmes de R&D et de démonstration (1) sur les véhicules électriques dans l'Union européenne (2) . Le budget total consacré à ces projets représente 1,9 Md€, dont 65% sont des financements publics.
"Bien que cela confirme que de nombreux projets sont actuellement menés dans ce domaine en Europe, l'analyse met en évidence qu'une intensification des échanges d'informations et une plus grande coordination entre les projets permettraient d'optimiser les investissements", indique le JRC, ajoutant : "Ces échanges devraient certainement s'accélérer grâce au récent lancement de l'Observatoire européen de l'électromobilité (3) et la prochaine mise en œuvre de la stratégie transports".Et ailleurs dans le monde ?
Dans le cadre du plan de relance, les États-Unis ont investi avant tout dans la fabrication de batteries et des projets de démonstration.
Le gouvernement chinois a consacré environ 770 M€ à des projets de recherche sur les véhicules à haut rendement énergétique et à énergie alternative, dans le but d'atteindre 15% de véhicules électriques et hybrides en 2015.
Les projections estiment que les véhicules électriques et hybrides pourraient représenter de 3 à 25% du marché européen à l'horizon 2020. Le coût élevé de ces technologies reste la principale contrainte à lever pour miser sur un taux élevé de pénétration du marché. C'est pourquoi de nombreux pays ont décidé de soutenir à la fois la recherche fondamentale et les projets de démonstration.
R&D : lever les obstacles à une diffusion à grande échelle
Les projets de R&D mobilisent 80% des investissements privés et publics (1,4 Md€). Le plus grand nombre de projets est cofinancé par des pays de l'UE15 (134 projets sur 185), avec en tête des financements l'Allemagne (32,8%), l'UE (31,4%), la France (10,7%), les Pays-Bas (5,9%) et le Royaume-Uni (4,1%). Beaucoup de projets sont portés par des consortiums, avec des partenaires dans des pays tiers comme Israël, la Macédoine, la Norvège, la Suisse, la Turquie, la Chine, l'Ukraine ou encore les Etats-Unis.
Globalement, les investissements en R&D portent en priorité sur le contrôle (4) (240 M€), le stockage de l'énergie (5) (210 M€), le corps du véhicule et le design, "reflétant la nécessité de lever les principaux obstacles pour une diffusion à grande échelle de la voiture électrique". Parmi ces obstacles : le coût ou l'angoisse de l'autonomie (range anxiety), c'est-à-dire la peur de ne pas atteindre la destination.
"Les projets cofinancés par l'UE se concentrent en grande partie sur le stockage de l'énergie et les contrôles. En Allemagne, les investissements sont similaires à ceux de l'UE, tandis qu'en France, le nombre de projets par composants (6) est plutôt uniformément réparti", souligne le JRC. La France est le plus gros cofinanceur pour la R&D sur les moteurs (31 M€) et la gestion thermique (39 M€).
Démonstrateurs : différentes stratégies selon les pays
Le JRC a dénombré 135 projets de démonstration actuellement menés en Europe, pour un budget total de 470 M€. La plupart d'entre eux sont cofinancés par l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l'Espagne. "Ces projets de démonstration sont importants pour l'acceptation du client et la préparation au marché", analyse le JRC.
"Il existe deux approches différentes pour l'introduction des véhicules électriques", indique l'étude. Certains Etats membres ciblent d'abord les grandes zones urbaines pour les essais sur le terrain et le développement des infrastructures, à l'instar de Berlin, Rome, Paris et Londres qui concentrent plusieurs projets. D'autres s'appuient sur des "régions modèles", où différents modèles de véhicules et régimes commerciaux sont introduits selon les problématiques locales (augmentation du tourisme, présence de flottes d'entreprises, forte proportion de déplacements…).
En Allemagne, de nombreux projets de démonstration sont situés autour des villes de Berlin, Hambourg, Stuttgart, Munich, Francfort et dans la région de la Ruhr. En Espagne, ces projets sont situés dans les zones côtières à forte concentration, comme Barcelone et San-Sebastian.
En France, la région Ile-de-France abrite plusieurs projets de démonstration, indique le JRC. Des projets importants sont également menés au Royaume-Uni (Londres, région du Grand Londres, Birmingham et Coventry) et en Irlande.
Ces démonstrateurs portent sur le développement de réseaux intelligents liés à l'électromobilité, des essais de solutions TIC innovantes, des essais de différents types de véhicules électriques par les équipementiers et les autres parties prenantes (voitures particulières, véhicules utilitaires légers, autobus), des démonstrations dans différentes flottes d'entreprises (bureaux de poste, taxis…), des services, le développement d'infrastructures de recharge et des concepts de mobilité urbaine innovante.