Le bras de fer autour de la retenue de Caussade entre les agriculteurs et la préfecture reprend. Dans un courrier (1) daté du 26 février, adressé aux élus locaux, la préfète du Lot-et-Garonne, Béatrice Lagarde, annonce qu'elle lance une nouvelle procédure pour que la retenue soit vidangée. Les agriculteurs disposent jusqu'au 10 mars échu pour obtempérer. Passé ce délai, des travaux pourront être effectués sous la responsabilité de la préfecture, aux frais de la chambre d'agriculture. « Malgré mes lettres de mise en demeure, dont la plus récente adressée le 10 février 2020, la chambre d'agriculture persiste dans la poursuite du remplissage de la retenue », déplore la préfète.
Cet ouvrage s'inscrit dans un contexte particulier. Porté par la chambre d'agriculture, le projet a obtenu le feu vert de la préfecture du département en juin 2018, avant de se voir retirer l'autorisation par cette même préfecture à la demande des ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture.
Le maître d'œuvre, le Syndicat d'irrigation du Lot-et-Garonne, avait contesté cette décision et déposé un recours. Le tribunal administratif de Bordeaux a, en mars dernier, confirmé l'illégalité de l'autorisation.
Devant la poursuite des travaux, la préfète de département a pris un arrêté, le 2 mai, pour que la chambre d'agriculture les stoppe, supprime l'ouvrage et remette en état le site. Elle demandait également à ce que les vannes de vidanges soient ouvertes et qu'une brèche soit créée dans l'ouvrage. Sans réel effet.
Pour tenter de sortir d'une situation de conflit, les préfètes de Nouvelle-Aquitaine et du Lot-et-Garonne ont souhaité ouvrir une concertation avec les acteurs locaux, et un comité de pilotage (2) a été installé en juillet dernier. Dans le même temps, la préfecture de Nouvelle-Aquitaine a demandé la réalisation d'une étude de sécurité de l'ouvrage existant par un cabinet agréé et la mise en œuvre de ses conclusions. Autre exigence : le lancement d'une nouvelle étude d'impact environnemental avec un volet hydrologique à l'échelle du bassin versant du Tolzac.
Un niveau d'eau de 5 m en février
Toutefois, à la fin de l'année 2019, les services de l'État ont constaté que la retenue se remplissait malgré des injonctions à la vider. Le 12 février dernier, le niveau d'eau atteignait ainsi les 5 mètres. Or l'étude de sécurité du cabinet agréé indiquerait, selon le courrier de la préfète du Lot-et-Garonne, que « l'ouvrage n'a pas été réalisé dans les règles de l'art et [que] le risque de rupture est avéré ».
Parmi les manquements : des défauts dans la réalisation du drainage verticale avec une remise en cause de la pérennité de l'ouvrage à moyen et long termes, des coefficients de sécurité insuffisants ou l'utilisation de matériaux non-homogènes.
La préfète a donc décidé d'engager une procédure à l'encontre de la chambre d'agriculture pour que soit effectuée la vidange de la retenue.
« Une fois la vidange du lac opérée, les concertations pourront reprendre, comme initiées en juillet, afin de relancer une procédure de construction d'un projet de territoire pour la gestion de l'eau et un dépôt d'autorisation de l'ouvrage ou l'identification d'une solution sur un nouveau projet », assure la préfète.