L'Allemagne, qui impose actuellement que ses carburants fossiles soient mélangés à au moins 5% de biocarburants, a décidé d'en rester là. Selon Sigmar Gabriel, les véhicules les plus anciens qui concernent plus de trois millions de voitures seraient inaptes à recevoir le nouveau carburant qui userait plus vite certaines pièces de moteur. La politique environnementale ne peut contraindre plusieurs millions d'automobilistes à passer au Super-plus, plus cher, d'autant qu'il s'agit souvent des personnes les plus modestes, a déclaré Sigmar Gabriel.
Depuis plusieurs semaines, le ministre de l'environnement allemand devait faire face aux critiques des écologistes qui dénonçaient les méthodes de culture du colza ou du soja pour fabriquer les biocarburants qui concurrencent les plantations alimentaires et celles du club des automobilistes ADAC qui refusait le surcoût entraîné par l'E10.
Pour la Fédération France Nature Environnement, la France doit comme l'Allemagne renoncer aux objectifs d'incorporation d'éthanol dans les carburants conventionnels.
Selon la FNE, le Président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé mercredi dernier au Congrès de la FNSEA le maintien de l'objectif d'incorporation d'agrocarburants, à 7% d'ici à 2010, tandis qu'un projet de Directive européenne sur les énergies renouvelables envisage un objectif d'incorporation de 10% d'ici à 2020.
Les surfaces agricoles européennes étant insuffisantes, l'Europe, pour satisfaire ces objectifs, devra forcément importer des agrocarburants issus de la déforestation en milieu tropical (Brésil, Indonésie, Malaisie, etc.) avec des conséquences dramatiques pour la biodiversité et l'agriculture vivrière locale, a souligné la FNE. La Fédération a indiqué qu'elle allait écrire au Président de la République pour lui demander de renoncer aux objectifs d'incorporation d'agrocarburants.
Article publié le 09 avril 2008