La Commission de régulation de l'énergie (CRE) recense 36 démonstrateurs de réseaux intelligents, ou « smart grids », achevés ou en cours de réalisation. Elle fait état d'un premier retour d'expérience dans le cadre de son deuxième rapport biennal (1) en la matière, publié le 19 mai dernier. Deux ans auparavant, la CRE n'avait identifié qu'une quinzaine de démonstrateurs en phase de déploiement. Elle souligne ainsi la nécessité de poursuivre sur cette lancée, « mais également d'industrialiser rapidement [les solutions] qui se sont [déjà] montrées pertinentes, notamment dans le contexte actuel de tension accrue du système électrique national ». Elle remarque néanmoins que cette multiplication a entraîné une certaine redondance et suggère d'améliorer la « coordination entre les opérateurs et les institutions publiques » pour mutualiser les projets.
Parmi les expérimentations recensées, dix-huit se sont « achevées récemment » et quatorze demeurent en cours. Ces projets sont portés par EDF SEI, branche opérant dans les zones non interconnectées (ZNI), Enedis, GRDF, GRTgaz, RTE ou encore le gestionnaire électrique viennois, SRD Énergies. Ils couvrent aussi bien la modélisation intelligente des réseaux que l'optimisation de la mobilité électrique, notamment dans l'utilisation des recharges comme outil de flexibilité, et la décentralisation des réseaux et des productions de gaz. L'ensemble des dispositifs recensés représente un investissement de plus de 600 millions d'euros sur les dix dernières années, avec des budgets individuels chiffrés entre 29 000 euros et 40 millions d'euros.
Le consommateur avant tout
De cette diversité de premiers essais, la CRE retient principalement un enseignement : la nécessité de mettre davantage l'accent sur la transparence, le partage et le bénéfice délivrés aux utilisateurs de ces innovations, les consommateurs. « La transparence et le partage des enseignements sont dus aux consommateurs et citoyens finançant ces expérimentations, souligne la commission dans son rapport. La recherche de flexibilité, d'optimisation des consommations énergétiques et de maîtrise de ces dernières devient en effet un enjeu majeur pour la protection du consommateur. La CRE demande donc aux gestionnaires de réseau de réaliser un suivi rigoureux des coûts et bénéfices de ces démonstrateurs, et de communiquer publiquement sur leurs résultats. »
Cela étant, s'agissant du partage des données, la commission recommande, d'autre part, que le « gestionnaire de réseau puisse, par défaut, comme dans d'autres pays européens, collecter et stocker les courbes de charges des compteurs, tout en laissant la possibilité aux clients de s'y opposer ».