Le nouveau centre de recherches belge remplacera l'ancienne base du Roi Baudouin de Belgique, fermée en 1967 et enterrée sous des mètres de neige. Il sera un centre de recherche en glaciologie, climatologie, géomorphologie, microbiologie et biologie marine. Les chercheurs, sous la supervision du BELSPO, le service public fédéral de programmation de la politique scientifique, mettront surtout l'accent sur la recherche de solutions face au réchauffement planétaire.
Les activités de recherches de la station seront assorties d'une campagne de publicité et d'un programme éducatif pour informer le grand public, les étudiants et les écoles sur l'importance de la recherche dans les régions polaires dans le cadre du changement climatique et du développement durable. C'est pourquoi les concepteurs de la station l'ont voulu exemplaire. En effet, cette dernière a été conçue de manière à utiliser au mieux les conditions du terrain pour l'intégration des bâtiments et à réduire au minimum ses impacts sur l'environnement et sur le paysage pendant sa construction et son exploitation. La sûreté, la santé, le confort, la fonctionnalité et le coût ont été les maîtres-mots de sa fabrication avec une exigence supplémentaire : un impact environnemental limité.
La Fondation Polaire Internationale s'est ainsi lancé le défi de construire la première station fonctionnant à 95% à l'énergie propre. Ainsi les équipements emploient des énergies renouvelables comme source d'énergie primaire réduisant au minimum l'utilisation des combustibles fossiles. Toutes les technologies les plus pointues sont mises à contribution : panneaux solaires thermiques, isolation, technique de « construction passive », éoliennes et réseau de cellules photovoltaïques. Des combustibles fossiles resteront tout de même nécessaires pour les véhicules. Pour assurer un approvisionnement constant en énergie, deux générateurs de secours seront installés. Non seulement la construction, mais également les infrastructures et appareils internes répondent à des règles de respect écologique et énergétique tout en gardant le niveau de confort nécessaire dans ce cadre de vie spécifique.
La station aura également un système de traitement de l'eau. En amont la consommation d'eau sera limitée et l'approvisionnement résultera d'une combinaison de solutions : fonte de la neige par la chaleur solaire et recyclage des eaux. Les déchets font également l'objet d'un plan de gestion incluant la réduction des emballages, la suppression des produits dangereux, le tri sélectif et le compactage avant évacuation lors des ravitaillements.
Par ailleurs, la coopération avec d'autres nations permettra de réduire l'impact global du transport des marchandises.
Au final, la station devrait émettre 33 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par an durant sa phase d'utilisation. En revanche sa construction devrait engendrer le rejet d'environ 88 tonnes de GES.
Présentée ce week-end à Bruxelles, la station est prête à être expédiée en antarctique. Les expéditions de novembre 2004 et 2005 ont permis d'établir la position exacte pour sa construction. Située dans les montagnes Sør Rondane de la région de Dronning Maud Land, la station polaire « Princess Elisabeth » sera à 200 km de la côte et à 500 km de la base la plus proche. Elle sera ouverte lors de l'été austral, de novembre à février, dans des conditions climatiques oscillant entre -5 °C et -50 °C. La station pourra accueillir jusqu'à 20 personnes, dont 12 en permanence et a été construite pour une espérance de vie de 25 ans minimum. Les premières recherches devraient débuter en 2008.
Fondation d'utilité publique, l'IPF a été créée en 2002 à l'initiative d'Alain Hubert, ingénieur et explorateur, du professeur Hugo Decleir, glaciologue et du Professeur André Berger, climatologue. Placée sous la Présidence d'honneur de S.A.R. le Prince Philippe, la Fondation a pour but de sensibiliser l'opinion publique et les jeunes en particulier sur l'importance des efforts de la recherche polaire et de ses liens avec les phénomènes des changements climatiques.