Pour France Hydrogène, le développement de la mobilité à base d'hydrogène ne fait aucun doute. En 2026, l'association prévoit la mise en circulation de quelque 50 000 véhicules fonctionnant grâce à cette molécule, sur le territoire français, dont 80 % d'utilitaires et 20 % d'automobiles particulières, essentiellement dans les flottes d'entreprise ou de taxis. Un chiffre qui s'appuie sur les données des parcs du ministère de la Transition écologique et sur les études de la Plateforme automobile (PFA). Il a été établi « en cohérence avec les capacités du marché », a souligné Valérie Bouillon-Delporte, vice-présidente de l'association, en présentant une étude récente de son groupe mobilité sur les besoins en infrastructures de ravitaillement, lors du salon Hyvolution, jeudi 2 février.
« Nous sommes partis du principe que les véhicules légers à usage intensif feront démarrer la mobilité, a précisé Valérie Bouillon-Delporte. Stellantis, par exemple, compte sortir 5 000 utilitaires en 2024, 10 000 en 2025. » En 2030, le parc devrait déjà dépasser les 340 000 unités, dont 86 % d'utilitaires et 16 % de véhicules légers, auxquels ajouteront 11 700 camions de plus de 16 tonnes, porteurs et autres tracteurs.
Un réseau suffisant et bien réparti
Reste à savoir où installer ces infrastructures et comment les dimensionner pour optimiser le maillage. Afin de dessiner plusieurs schémas directeurs susceptibles de répondre à la demande et d'accélérer « la montée en puissance des usages », France Hydrogène, la PFA et l'institut de recherche technologique SystemX ont donc procédé à un exercice de modélisation : deux pour les véhicules légers et utilitaires, en 2026 et en 2030, un pour les poids lourds en 2030. Tout en s'appuyant notamment sur l'expérience rhônalpine de la Zero Emission Valley et sur les caractéristiques des véhicules (consommation, distances parcourues, temps de recharge…), ils ont défini plusieurs items : obligations européennes, répartition des futures zones à faibles émissions (ZFE), nombre de poids lourds étrangers utilisant le réseau transeuropéen de transport (RTE-T), calendrier des jours ouvrés, emplacement des entrepôts…
Des infrastructures rentables
Ils y ont ajouté trois contraintes : la nécessité de trouver un point de recharge dans un rayon de 100 kilomètres pour les véhicules lourds et de 20 kilomètres pour les véhicules légers, prioritairement à proximité des ZFE, de prévoir au moins deux stations dans les EPCI concernées et d'être rentable. Pour chacune des stations, le dimensionnement, autrement dit le nombre de kilos d'hydrogène délivré, a été prévu avec un taux d'usage de 50 %. En 2026, 98 d'entre elles devraient être capables de vendre au moins 200 kilos d'hydrogène quotidiennement et 13 au moins deux tonnes. En 2030, 290 points de ravitaillement devront proposer au moins 200 kilos d'hydrogène par jour, 23 au moins une tonne, 151 au moins deux tonnes, 69 au moins 4 tonnes.
« Ces modélisations doivent maintenant être confrontées à une vision plus fine des projets déjà engagés ou à venir dans les territoires, ainsi qu'aux spécificités et trajectoires régionales », indique France Hydrogène. D'ici à la fin de l'année, il s'agira par exemple d'échanger avec les EPCI ciblés et avec les Régions qui mettent en place des schémas directeurs, de rendre cohérents les maillages des stations pour véhicules légers et ceux des poids lourds, ou encore de mettre en adéquation le modèle avec les stations existantes ou en projet. Associées dans le cadre d'une coentreprise, TotalEnergies et Air liquide viennent déjà d'annoncer leur volonté de construire, dans les prochaines années, plus de 100 stations hydrogène pour les poids lourds sur les grands axes routiers européens : en France, au Benelux et en Allemagne.