« Les rapports faisant état d'une faible autonomie dans le monde réel pour le mode tout-électrique et d'une incapacité potentielle à conduire en mode zéro émission jettent le doute sur le fait que les véhicules hybrides rechargeables sont réellement conçus pour fonctionner en mode entièrement électrique dans le monde réel ou s'ils sont purement vendus comme des voitures conformes pour aider les fabricants à répondre aux nouvelles normes CO2 ».
En une phrase, l'association européenne Transport & Environnement résume ses inquiétudes sur cette gamme de véhicules en forte expansion, dans un nouveau rapport intitulé « Véhicules hybrides rechargeables : l'Europe se dirige-t-elle vers un nouveau dieselgate ? (1) ». D'autant que les modèles phares mis sur le marché sont des SUV (sport utility vehicle), ces 4x4 urbains aux volumes toujours plus imposants.
« Malgré leur grande taille et leur faible autonomie électrique (même en chiffres officiels), de nombreux véhicules hybrides rechargeables sont certifiés comme émettant moins de 50 gCO2 / km, ce qui leur permet de bénéficier d'une taxation avantageuse ou d'incitations à l'achat dans de nombreux États membres », analyse T&E. Certains États leur attribuent même l'étiquette zéro émission leur permettant d'accéder à des zones à faibles émissions.
L'ONG a analysé, en conditions réelles de conduites, les émissions des trois modèles de SUV hybrides rechargeables les plus vendus en 2019 (BMW X5, Volvo XC60 et Mitsubishi Outlander). « Sur les trois véhicules hybrides rechargeables testés, le plus performant de ce test était le BMW X5, mais il a quand même dépassé les valeurs officielles de CO2 de 28 %, émettant 41 g/km. Sur le même test en conduite douce, le XC60 et l'Outlander émettaient respectivement 115 g/km et 86 g/km, soit un écart de 62 % à 89 % par rapport aux valeurs officielles [de la norme d'homologation] WLTP ». Ces valeurs sont encore plus élevées lorsque ces véhicules ont leur batterie vide ou, pire, lorsqu'ils passent en mode recharge de batterie (jusqu'à douze fois plus d'émissions).
En fait, l'autonomie réelle de ces véhicules ne dépasserait pas plus de 25 km, estime l'association, ce qui contredit les messages autour de véhicules conçus pour de longs trajets. Les modèles testés affichent des émissions basses uniquement sur de courts trajets, à faible vitesse, parcourus en tout électrique.