Toujours opposé au principe de quotas d'émissions de gaz à effet de serre, le président n'a bien évidemment fait aucune allusion au protocole de Kyoto. Il a toutefois qualifié le « changement climatique mondial » de « défi grave » et a présenté une série de mesures principalement tournées vers l'indépendance énergétique du pays.
Le président a ainsi, affirmé vouloir diminuer de 20 % la consommation de carburants automobiles aux États-Unis d'ici 10 ans mais non par rapport à la consommation actuelle, précise-t-on à la maison Blanche, par rapport à ce que devrait être la consommation d'ici 2010 sachant que la tendance est à la hausse. De ce fait, selon la Maison Blanche, ce plan permettrait de réduire de 10 % les émissions annuelles causées par les voitures et les camions légers ce qui représenterait l'élimination des émissions annuelles de 26 millions d'automobiles soit 600 millions de tonnes d'émissions de CO2. Pour y parvenir, le président américain mise sur le développement des carburants non fossiles et des normes de consommation plus sévères pour les véhicules. Il souhaite notamment accélérer la recherche sur les batteries pour les voitures hybrides et développer l'utilisation des véhicules utilisant le diesel propre, le bio diesel et l'éthanol. Dans son plan, le président Georges W.Bush s'est fixé l'objectif de consommer 132 milliards de litres de carburants renouvelables et alternatifs en 2017.
Le président mise donc une nouvelle fois sur la technologie et la recherche : l'Amérique est à la veille de percées technologiques qui nous permettront de réduire notre dépendance au pétrole, a-t-il estimé. Il n'est toujours pas question, selon lui, de mettre en place une politique contraignante.
Sachant que les États-Unis sont responsables d'environ un quart des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et que les mesures annoncées ne visent que le secteur des transports soit un tiers environ des émissions américaines, les réactions chez les associations écologistes ont été très vives : il s'est arrangé pour continuer d'éviter le problème, garantissant aux fermiers américains de nouvelles subventions sous couvert d'agir en faveur de la crise énergétique, a estimé Steve Sawyer, responsable Climat à Greenpeace international, interrogé par l'AFP. Du côté du Pew Institute on Global climate change, on estime qu'il faut une approche à la fois économique et contraignante pour lutter de manière raisonnable. En réponse, la Maison-Blanche se défend en précisant que la réduction proposée s'ajouterait au plan déjà en place de réduction de l'intensité des GES de l'économie américaine de 18 % d'ici à 2012. Autrement dit la réduction des émissions de GES par unité de produit intérieur brut (PIB).
Par ailleurs, l'initiative du président Bush dans le domaine de l'énergie a suscité des réactions mitigées de la part des démocrates, qui sont en train de soumettre à l'examen du Congrès leurs propres projets de lois relatifs à l'énergie et au climat. La Chambre des représentants a déjà approuvé une proposition de loi qui supprimerait 14 milliards de dollars de redevances et de déductions fiscales dont bénéficient les compagnies pétrolières pour les consacrer à un fonds pour les sources d'énergie renouvelables récemment créé. Plusieurs propositions de lois en cours d'examen au Sénat imposeraient des limites obligatoires sur les émissions de GES, malgré la réticence du président. Il semblerait donc que l'idée de quotas d'émissions de CO2 fasse son chemin aux États-Unis.
C'est en outre ce qu'ont demandé certaines grandes sociétés américaines associées à des organisations de protection de l'environnement dans l'U.S. Climate Action Partnership (USCAP). La semaine dernière, l'USCAP a présenté un plan d'action pour exhorter les politiques à passer à l'action en rappelant que le moindre retard dans le contrôle des émissions augmente les risques de devoir faire des efforts encore plus difficiles à l'avenir.