En 2012, la consommation d'électricité française a atteint 489,5 TWh, soit 2,1% de plus qu'en 2011, indique le gestionnaire de réseau RTE. Si les niveaux n'atteignent pas ceux de 2010 (513,2 TWh), ils reprennent la courbe de progression stoppée par la crise.
D'année en année, le bilan électrique (1) publié par RTE souligne l'impact du chauffage électrique sur la consommation totale de la France et les conséquences des pointes de consommation sur la sécurité électrique du pays, sur le climat et sur l'économie. Le bilan 2012 fait office de piqûre de rappel au moment où se déroule en France le débat national sur l'énergie.
Une hausse de la consommation liée aux usages domestiques
En 2012, la consommation du secteur industriel (hors énergie) et des PMI/PME est toujours en baisse, respectivement de -4 et -1%. "Ces chiffres ne traduisent malheureusement pas l'amélioration de l'efficacité énergétique, déjà très élevée chez les électro-intensifs compte tenu des impératifs de compétitivité, mais l'inquiétante érosion de ce que l'on considérait il y a peu comme la « compétitivité électrique française »", estime dans un communiqué l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). Un constat partagé par RTE et illustré par les évolutions contrastées de la consommation selon les régions. En Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais, la consommation électrique a connu entre 2006 et 2011 une baisse supérieure à 5%, tandis que dans la plupart des régions, où les consommations domestiques constituent une part importante de la demande, la consommation est à la hausse.
En effet, la consommation des particuliers et des professionnels ne cesse de progresser (+2,4% en 2012). Croissance du nombre de ménages, nouveaux usages électriques mais aussi développement soutenu du chauffage électrique expliquent cette augmentation. La thermosensibilité toujours plus grande de la consommation découle du taux d'équipement élevé des Français en chauffage électrique.
La vague de froid exceptionnelle de février 2012 a entraîné des pics de consommation records, avec une pointe de puissance appelée à 102.100 MW. "La part thermosensible a représenté en moyenne 40% de la consommation" sur cette période, estime RTE. Le 8 février, journée la plus froide, 2,26 TWh ont été consommés en une seule journée.
Les impacts de la hausse de consommation hivernale
Résultat, l'écart de consommation entre hiver et été ne cesse de se creuser. En 2012, "le rapport entre le minimum et le maximum annuel de consommation a atteint 30%". Une situation qui présente des difficultés pour adapter le parc de production.
"Selon les calculs de RTE, les moments où la demande franchit le seuil des 90.000 MW ne dépassent pas 50 heures dans l'année.A cause du chauffage électrique, le réseau électrique est néanmoins obligé de se structurer pour passer ces quelques heures de pointe, multipliant ainsi des investissements coûteux, inutiles 99% de l'année !", réagit dans un communiqué l'association Agir pour l'environnement.
Les EnR gagnent du terrain
La part des énergies renouvelables dans la production d'électricité française a progressé de 16,4%. La forte progression des parcs éolien et photovoltaïque, qui atteignent respectivement 7.500 MW et 3.500 MW et un retour à la normale de la production hydraulique (63,8 TWh, soit 26,8% de plus qu'en 2011, année très sèche) expliquent cette tendance.
La production nucléaire a connu une légère baisse (-3,8%). La production thermique au fioul et au gaz a fortement régressé (-13,2% et -23,7%), au profit du charbon, qui connaît une hausse de 35,1% en raison de sa compétitivité.
Des régions aux situations contrastées
Alors que le débat national sur l'énergie s'organise à l'échelle locale, RTE a dressé le bilan électrique des régions, en mettant en regard leurs volumes de production et de consommation d'électricité. Résultat : "Certaines régions - Bourgogne, Bretagne, Franche-Comté, Ile-de-France - affichent une consommation cinq fois supérieure à leur production alors que d'autres produisent deux fois plus que leur consommation - Centre, Lorraine, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie". Mais mis à part la Bretagne qui souffre de sa position de péninsule électrique, les régions déficitaires sont irriguées par leurs voisines françaises ou européennes.
Car si elle affiche un solde exportateur positif de 44,2 TWh en 2012, la France a connu 20 journées d'importations nettes contre 4 en 2011. Avec l'Allemagne qui, rappelons-le, a arrêté la production nucléaire de huit centrales en 2011, la France affiche même un solde négatif. Les raisons ? La forte production photovoltaïque allemande (27,8 TWh), la compétitivité de sa production charbonnée, la crise économique et la forte demande hivernale française.